Immunothérapie par inhibiteurs de checkpoint immunitaire (ICI) chez les patients greffés d’organe : étude de cohorte - 18/11/23
Résumé |
Introduction |
Les cancers notamment cutanés sont une source majeure de morbi-mortalité chez les greffés d’organe. L’utilisation des ICI chez ces patients est délicate et requiert la mise en balance du risque de rejet de greffon d’une part et du risque de baisse de l’efficacité de l’immunothérapie d’autre part. Les données concernant leur efficacité et leur tolérance chez les greffés restent peu nombreuses et éparses. Etant donné l’hétérogénéité des modalités de prise en charge entre les pays, il nous semblait nécessaire d’évaluer nos pratiques actuelles.
Matériel et méthodes |
Étude observationnelle rétrospective et prospective d’octobre 2019 à juillet 2022, incluant tous les patients greffés d’organe solide et traités par ICI pour un cancer au sein d’un CHU Les données recueillies étaient les caractéristiques des patients avant le traitement par ICI, les évènements survenant au cours du traitement, et la survie globale.
Résultats |
Dix patients étaient inclus. La durée médiane de suivi était de 12 mois (3–37). La greffe était rénale chez 8 patients, hépatique et pulmonaire chez les 2 autres. Il s’agissait toujours d’une première greffe. Aucun patient n’avait d’antécédent de rejet. Le nombre médian d’immunosuppresseurs était de 2. Le délai moyen entre la greffe et le début des ICI était de 120 mois. Les tumeurs à l’origine de la prescription des ICI étaient principalement cutanées: carcinome épidermoïde cutané (n=5), mélanome (n=2), carcinome de Merkel (n=1). On notait deux cas de cancers pulmonaires: adénocarcinome pulmonaire (n=1) et carcinome épidermoïde bronchique (n=1). Ces tumeurs étaient toutes à un stade métastatique ou localement avancé. Huit patients étaient traités par anti-PD-1, deux par association anti-PD-1 et anti-CTLA-4. Après un recul moyen de 12 mois, un seul patient a présenté un rejet cellulaire de greffon rénal 3 semaines après le début des ICI. Il était traité pour un mélanome métastatique par ipilimumab+nivolumab. Il s’agit du seul patient ayant présenté un effet secondaire auto-immun (hépatite de grade 2). Son traitement anti-rejet comprenait corticothérapie-MMF aux doses habituelles, et il n’avait pas d’anticorps anti-donneurs. Le taux de réponse globale aux ICI était de 44,4 %, avec une médiane de survie sans progression de 9 mois (1–37). Sur les 10 patients, 3 sont décédés (dont un de cause tumorale et deux de causes sans rapport).
Discussion |
Bien que notre effectif soit modeste et que notre population soit hétérogène en termes de type tumoral et d’organe transplanté, le taux de réponse globale des ICI dans notre étude est semblable à celui rapporté dans la littérature chez les greffés (42 à 48 %). En revanche, le taux de rejet semble bien inférieur à celui de la littérature (40 %), bien que les caractéristiques du rejet soient similaires: précoce, fatal pour le greffon mais pas pour le patient. Les causes du décès pour les 3 patients semblent plutôt liées à la progression tumorale ou à des évènements intercurrents qu’au rejet. Ceci devrait nous inciter à faire pencher la balance vers le choix d’un traitement par ICI lorsque le cancer a une cinétique agressive, notamment s’il s’agit d’un patient transplanté rénal.
Conclusion |
L’utilisation des ICI chez les patients greffés d’organe semble raisonnable lorsque la situation oncologique le justifie. Plusieurs études prospectives et multicentriques évaluant l’utilisation d’ICI chez les patients greffés d’organe sont en cours.
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Vol 3 - N° 8S1
P. A102-A103 - décembre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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