Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité dans le monde. Pourtant, dans de nombreux pays, elles ont connu un recul spectaculaire durant les trois dernières décennies. Cette baisse a concerné aussi bien les pays à mortalité cardiovasculaire élevée comme les États-Unis ou les pays d'Europe de l'Est et du Nord que les pays les moins touchés comme la France ou le Japon ; principale explication : les modifications d'épidémiologie et de prise en charge de l'infarctus du myocarde. Parallèlement à la baisse de la mortalité cardiovasculaire, on constate en effet un recul de l'incidence de l'infarctus, notamment l'infarctus avec un sus-décalage de ST, forme au plus sombre pronostic immédiat. La baisse des hospitalisations pour infarctus est particulièrement marquée au-delà de 60 ans, expliquée par les progrès de la prévention primaire (traitement de l'hypertension artérielle ou des dyslipidémies, recul du tabagisme) ; chez les plus jeunes, l'incidence est restée stable chez les hommes, mais augmente chez les femmes, cela vraisemblablement en lien avec l'augmentation du tabagisme chez les femmes jeunes jusqu'à une période récente. Cette évolution différentielle en faveur des plus âgés explique le rajeunissement de la population des patients touchés par un infarctus, et participe à l'amélioration de leur pronostic. Outre ce changement du profil des patients hospitalisés pour infarctus, l'organisation des soins s'est améliorée avec la centralisation vers des centres experts, la généralisation de la reperfusion en phase aiguë et le développement de nouveaux traitements médicamenteux. En 20 ans, la mortalité précoce de l'infarctus a ainsi diminué de deux tiers. Enfin, l'amélioration de la prévention secondaire a permis d'améliorer sensiblement le devenir à long terme, une fois passée la période aiguë. Si un tel tableau paraît très encourageant, il ne faut pas ignorer l'impact à terme des facteurs de risque émergents, obésité ou diabète, qui imposent des mesures de santé publique spécifiques.