La théorie de l'esprit correspond généralement à la capacité cognitive de comprendre autrui en lui attribuant des états mentaux, par exemple des intentions, des désirs et des croyances. Cette faculté est significativement altérée dans les troubles schizophréniques, comme ont pu le démontrer de nombreuses expérimentations portant sur la compréhension de situations sociales impliquant des sous-entendus, de l'ironie, de la tromperie ou de fausses croyances. Les propriétés psychométriques des outils mesurant la théorie de l'esprit sont de mieux en mieux connues dans la schizophrénie et certains d'entre eux sont suffisamment fiables pour être inclus dans les batteries d'évaluation de la cognition sociale. Il est maintenant bien démontré que l'évaluation de la théorie de l'esprit offre un regard spécifique sur le handicap psychique qui ne peut se confondre avec l'évaluation de la symptomatologie ou la mesure des performances en neurocognition : les capacités de théorie de l'esprit permettent notamment de prédire une part significative du fonctionnement psychosocial des patients dans leur vie quotidienne. Les déficits en théorie de l'esprit semblent être un chaînon essentiel dans la cascade causale reliant les symptômes de la schizophrénie aux difficultés de fonctionnement des patients. Enfin, les soubassements cérébraux du déficit en théorie de l'esprit dans les troubles schizophréniques sont de mieux en mieux compris. Pour conclure, des techniques dites de remédiation cognitive et ciblant cette faculté offrent des perspectives prometteuses de soins.