Combien de temps peut-on attendre à dilatation complète ? Analyse de la morbidité maternelle et fœtale selon la durée de la seconde phase du travail chez la primipare - 06/05/08
Résumé |
Objectif |
Étudier s’il existe un lien, chez les patientes primipares, entre la durée de la seconde phase du travail et la morbidité maternelle et néonatale et si la prolongation de ce temps de l’accouchement au-delà de deuxheures se traduit par une hausse significative de cette morbidité.
Matériels et méthodes |
Étude de cohorte rétrospective sur réalisée en centre universitaire de niveau III entre le 1er avril 2004 et le 30 avril 2005, chez l’ensemble des primipares à terme, porteuses d’une grossesse singleton avec fœtus non malformé en présentation céphalique, ayant atteint 10cm de dilatation cervicale au cours du travail (n=1191). Les patientes ont été prises en charge sans délai maximum à dilatation complète en l’absence d’anomalies du rythme cardiaque fœtal. La morbidité maternelle et néonatale a été analysée selon la durée écoulée à dilatation complète en analyse univariée et après ajustement sur les variables confondantes dont le degré de significativité était supérieur ou égal à 0,1.
Résultats |
La morbidité maternelle globale passe de 5,7 % après une heure passée à dilatation complète à 20,4 % après trois heures. Au-delà de deuxheures, chaque heure supplémentaire se traduit par une augmentation de la morbidité maternelle globale (OR 1,78 ; IC 95 % [1,59–1,97]), du risque d’hémorragie du post-partum (OR 1,72 ; IC 95 % [1,21–2,23]) et du risque de déchirure périnéale du troisième ou quatrième degré (OR 1,24 ; IC 95 % [1,07–1,41]). Dans le même temps, on assiste à une augmentation significative du risque de césarienne (OR 2,09 ; IC 95 % [1,84–2,34]) et d’extraction instrumentale (OR 1,82 ; IC 95 % [1,59–2,05]). En revanche, l’étude n’a pas montré de lien significatif entre la morbidité néonatale et la durée de la seconde phase du travail.
Conclusion |
Notre étude confirme l’existence d’un lien entre la durée de la seconde phase du travail et l’augmentation de la morbidité maternelle mais pas de la morbidité néonatale. Cette association, qui devient surtout préoccupante au-delà de troisheures passées à dilatation complète doit être prise en compte et justifie à notre avis une remise en cause de la voie vaginale passé un tel délai.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Objectives |
To determine the statistical association, in nulliparous patients, between maternal and fetal morbidity and the length of the second stage of labour. To precise whether a prolongation of this period of more than 2h may results in a dramatic increase of this morbidity.
Materials and methods |
Retrospective cohort study conducted in a level III referral centre between 1 April 2004 and 30 April 2005, including all nulliparous, term, cephalic, live singleton birth without fetal malformation in patients reaching the second stage of labour (n=1191). All deliveries were performed without restrictions in the length of the second stage of labour in the absence of fetal heart rate abnormalities. Maternal and neonatal morbidity were examined according to the duration of the second stage of labour with univariate analysis and after statistical adjustment with multivariate logistic regression for potential confounding variables.
Results |
Global maternal morbidity ranged from 5.7% after 1h to 20.4% after more than 3h of full cervical dilatation. After a second stage duration of 2h, each additional completed hour resulted in a significant increase in global maternal morbidity (OR 1.78; IC 95% [1.59–1.97]), postpartum haemorrhage (OR 1.72; IC 95% [1.21–2.23]) and level three or four perineal lacerations (OR 1.24; IC 95% [1.7–1.41]). In the same time, caesarean section rate (OR 2.09; IC 95% [1.84–2.34]) and operative vaginal deliveries (OR 1.82; IC 95% [1.59–2.05]) increased significantly. Conversely, our study didn’t demonstrate any significant association between neonatal morbidity and the length of the second stage of labour.
Conclusion |
Our study confirmed the association between the duration of the second stage of labour and the increase of maternal but not neonatal morbidity. Such an association, predominantly after 3h spend at full cervical dilatation, needs to be taken into account and, according to our experience, may justify caesarean section.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Seconde phase du travail, Morbidité maternelle, Hémorragie du post-partum, Extraction instrumentale, Asphyxie périnatale
Keywords : Second stage of labour, Maternal morbidity, Postpartum haemorrhage, Operative vaginal delivery, Perinatal asphyxia
Plan
Vol 37 - N° 3
P. 268-275 - mai 2008 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.