Parcours en réanimation de 78 patients atteints de maladies systémiques : caractéristiques et facteurs associés au décès - 18/06/23
Résumé |
Les patients suivis pour maladies systémiques peuvent, au cours de leur parcours, être amenés à séjourner dans un service de réanimation médicale. Nous avons mené une étude rétrospective sur 12 ans dans le service de réanimation médicale du CHU pour décrire les caractéristiques du parcours en réanimation des patients atteints de maladies systémiques et évaluer les facteurs associés au décès de ces derniers.
L’étude a été menée entre janvier 2010 et décembre 2021. Tout patient de plus de 18 ans, atteint d’une maladie systémique, suivi dans les services de médecine interne, pneumologie, dermatologie, néphrologie et rhumatologie était inclus, après sélection via la base de données PMSI. Les maladies rhumatismales inflammatoires étaient exclues de l’étude. Les caractéristiques cliniques, épidémiologiques, biologiques et thérapeutiques du séjour étaient recueillies.
Soixante-dix-huit patients comptant pour 101 séjours ont été inclus, d’âge moyen de 61±18,98 ans avec un sex-ratio de 0,56. Les patients étaient principalement atteints de vascularite (n=20 dont 8 artérites gigantocellulaires, 7 vascularites à ANCA, 4 vascularites cryoglobulinémiques et 1 périartérite noueuse) d’anémie hémolytique auto-immune (n=13), de lupus systémique (n=10) et de sarcoïdose (n=10). Pour quatorze patients (18 %), le diagnostic initial était effectué en réanimation, principalement pour l’anémie hémolytique auto-immune (n=7). Dix-sept patients avaient séjourné au moins deux fois en réanimation. Les principaux antécédents étaient une cardiopathie (44,87 %), une HTA (35,9 %), une infection sévère (30,77 %) et un diabète (29,49 %). Soixante-sept pour cent des patients avaient nécessité une ventilation mécanique, 67 % avaient une défaillance hémodynamique et 48,5 % une défaillance rénale.
Le taux de mortalité était de 38,46 % (n=30), statistiquement associé en analyse multivariée à un antécédent d’hypertension pulmonaire (OR : 60,363), à un facteur biologique combiné associant baisse du TP et cytolyse (en dehors de toute prise d’anticoagulants) (OR : 4,901), à une complication « autre » (OR : 6,112) et à une intubation orotrachéale (OR : 5,574).
Notre étude a confirmé la mortalité importante (38,46 %) en service de réanimation des patients suivis pour une maladie systémique. Les pathologies prédominantes dans la littérature sont la maladie lupique et les vascularites (respectivement 33,5 % et 15 % selon une méta-analyse de 2012 [1]), avec une fréquence de la sarcoïdose à 12,82 % et de l’anémie hémolytique auto-immune à 11,54 %. La signification pronostique défavorable de l’intubation est retrouvée dans notre étude, en concordance avec la littérature récente [2, 3].
Les autres éléments notables étaient la présence d’une hypertension pulmonaire et l’existence d’un facteur biologique combiné associant baisse du TP et cytolyse (en dehors de toute prise d’anticoagulants) : ces 2 éléments associés à un risque de décès augmenté ne sont que rarement signalés dans les précédentes études.
Notre étude confirme l’importante mortalité des patients atteints de maladies systémiques lors de leur passage en réanimation médicale et suggère le caractère pronostique défavorable de la nécessité de ventilation mécanique, d’un antécédent d’hypertension pulmonaire et d’un facteur biologique combiné associant la baisse du TP et une cytolyse hépatique dans cette population.
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Vol 44 - N° S1
P. A77 - juin 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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