Données histologiques et relations temporelles entre cancers solides et syndrome de Gougerot–Sjögren primaires - 18/06/23
Résumé |
Le syndrome de Gougerot–Sjögren primaire (SGSp) est associé à un sur-risque de survenue d’hémopathies, principalement de type lymphoïdes B. En revanche, à l’instar des cancers associés à la sclérodermie systémique ou aux myosites, les relations entre les cancers solides et le SGSp méritent une description plus détaillée. Nous décrivons ainsi dans ce travail les caractéristiques histologiques et les relations temporelles précises entre cancers et SGSp.
Nous avons analysé les caractéristiques des patients avec SGSp et présentant≥1 cancer, suivis au CHU de Montpellier entre 2009 et 2019. En plus des caractéristiques immunologiques et histologiques classiques du SGSp, et les caractéristiques des néoplasies, nous avons analysé les délais de survenue des différents cancers par rapport au diagnostic de SGSp. Nous avons aussi recueilli les analyses histologiques des tissus tumoraux (présence de nécrose, fibrose, et infiltrat lymphocytaire).
Cinquante-cinq patients avec SGSp et cancers ont été inclus (95 % de femmes, d’âge moyen 58,4 [±10,4] ans, suivi moyen de 10,5 [±10,1] années). Ils avaient présenté 70 cancers : 15 hémopathies (dont 7 lymphomes de la zone marginales et 3 leucémies lymphoïdes chroniques) et 55 cancers solides (dont notamment 27 cancers du sein, 8 cancers bronchopulmonaires, 5 cancers digestifs, 5 cancers gynécologiques, 4 cancers urologiques, et 3 cancers cutanés).
L’étude des relations temporelles entre ces pathologies montrait un pic de diagnostic de cancers concomitant à celui du SGSp (43 % des néoplasies diagnostiquées dans un intervalle de ±5 ans). Les cancers du sein survenaient en moyenne −1,8±13,0 ans avant le diagnostic de SGSp alors que les cancers du poumon survenaient en moyenne 8,8±7,8 ans après. Cent pour cent des cancers du sein étaient classés≤T2 au diagnostic (41 % in situ, 58 % T1–T2), et leur réponse thérapeutique était complète dans 96 % des cas.
Les cancers du poumon étaient classés in situ (13 %), T1–T2 (75 %) et T3–T4 (13 %) (aucun métastatique).
88 % avait reçu une réponse thérapeutique complète (100 % de chirurgie, 1 perdu de vue).
L’analyse des biopsies des glandes salivaires accessoires (BGSA) disponibles révélait 20 (90 %) cas de positivité chez les patients avec cancers mammaires et 3 (50 %) chez les patients avec cancers bronchiques, alors que les auto-anticorps du SGSp étaient positifs chez, respectivement, 7 (27 %) cas et 6 (86 %) cas de ces mêmes groupes de patients. L’étude histologique des tissus néoplasiques disponibles montrait de la fibrose et des infiltrats lymphocytaires au sein des tissus mammaires dans respectivement 12 (92 %) et 3 (23 %) des cas, contre, respectivement 4 (67 %) et 5 (83 %) dans les tissus pulmonaires (Fisher 0,22 et 0,04).
L’analyse des relations temporelles entre cancers et SGSp révèle un pic de cancers autour du diagnostic de SGSp. Néanmoins, les cancers du sein surviennent avant ou concomitamment au SGSp, avec une BGSA+, et de la fibrose intra-tumorale. Il est difficile de dire si ce pic de fréquence est lié à un meilleur diagnostic compte tenu de la médicalisation des patients au moment du diagnostic de SGSp ou s’il est lié à une relation entre cancer et SGSp via le système immunitaire (comme cela a été suggéré au cours de certaines sclérodermies systémiques) [1 ]. Ces éléments peuvent faire discuter une hypothèse d’immuno-contrôle prolongée du cancer mammaire. En prenant en compte ce travail et les données épidémiologiques que nous avons obtenues précédemment et les constatations de ce travail [2 ], le SGSp semble associé à un effet protecteur contre le cancer du sein, à diagnostics précoces et à des pronostics favorables de ces cancers.
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Vol 44 - N° S1
P. A69 - juin 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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