La C-reactive protein (CRP) est une cytokine pro-inflammatoire, utilisée dans le diagnostic et le suivi des maladies infectieuses et inflammatoires. Des études récentes avec des résultats discordants ont suggéré son rôle majeur dans les phénomènes inflammatoires d’origine tumorale et l’ont même considérée comme marqueur sérique de certaines tumeurs comme le carcinome hépatocellulaire (CHC). Le but de ce travail est d’évaluer la valeur pronostique et l’intérêt du dosage de la CRP dans le diagnostic précoce du CHC chez le cirrhotique. Il s’agit d’une étude rétrospective, analytique, colligeant tous les patients cirrhotiques pris en charge dans le Service de gastro-entérologie de Nabeul entre janvier 2017 et décembre 2021 dans le Service de gastro-entérologie de Nabeul. On a distingué deux groupes : G1 : cirrhose sans CHC ; G2 : cirrhose avec CHC. Les taux sériques de la CRP ont été mesurés chez tous les patients. On a colligé 147 patients, âgés en moyenne de 64,8 ans (25–88). Le sexe-ratio était de 1,2 (H/F=80/67). Les étiologies de la cirrhose les plus fréquentes étaient : l’hépatite C dans 61 cas (41,2 %) ; le virus B dans 30 cas (20,7 %) ; et la NASH dans 12 cas (8,1 %). G1 comportait 111 patients (75,5 %) et G2 comportait 36 patients (24,5 %). Les taux sériques de la CRP étaient significativement plus élevés dans G2 (83,3 %) que G1 (27,02 %) (p=0,03). Dans le groupe G2, aucune corrélation positive n’a été notée entre le taux sérique de CRP et la taille tumorale d’une part (p=0,12) et le taux sérique de la CRP et le nombre de tumeurs d’autre part (p=0,09). Un taux élevé de CRP était positivement corrélé à une survie inférieure à 6 mois (p=0,002). Notre étude suggère que l’inflammation chronique du foie est un facteur de risque majeur de CHC chez le patient cirrhotique. D’autres études sont nécessaires pour valider d’autres marques de l’inflammation dans le diagnostic précoce et l’évaluation pronostique du CHC, comme la vitesse de sédimentation (VS) et la procalcitonine.