Fréquence et profil évolutif des complications infectieuses sous anti-TNF alpha : à propos d’une série hospitalière - 18/06/23
Résumé |
Les anti-TNFα ont révolutionné la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques, mais au prix d’un risque surajouté d’infections opportunistes, en particulier la tuberculose, survenant le plus souvent durant la 1re année du traitement. Le but de notre travail est d’attirer l’attention sur ce risque infectieux lié à la prescription d’un anti-TNFα à travers les cas rapportés dans notre série.
C’est une étude rétrospective ayant colligé des patients âgés de plus de 16 ans hospitalisés sur une période de 5 années et demi-allant du 01/01/2016 au 31/12/2022. Le diagnostic de la pathologie inflammatoire était retenu sur l’aspect clinique, biologique, morphologique et histologique et l’indication thérapeutique basée sur les recommandations claires de diverses sociétés savantes.
Au total, 110 patients ayant une maladie inflammatoire chronique sous anti-TNF alpha ont été inclus, âge moyen de 36 ans [16 ; 74], un sexe ratio H/F de 1,2. Au total, 0,9 % sont suivis pour Pyoderma gangrenosum, 0,9 % pour maladie de Vogt-Koyanasi-Harada, 10,9 % pour maladie de Behçet et 87,3 % pour MICI. Au total, 6,36 % des patients étaient sous infliximab et 93,63 % sous adalimumab sur une durée moyenne de 13,5 mois (extrêmes [3 ; 60]).
Au total, 13 patients soit 11,81 % ont présenté des complications liées à la biothérapie, ces complications étaient d’ordre infectieux 9 fois sur 13 soit dans 69 % des cas. Il s’agissait dans 8 cas de tuberculose et dans 1 cas d’infection virale au VZV compliquée d’une mycose systémique.
Le délai moyen de survenue de ces infections était de 14,8 mois (extrêmes [4 ; 24] mois). Dans tous les cas, une preuve bactériologique et ou histologique confirmait le diagnostic. Concernant la tuberculose, 25 % ont présenté une miliaire tuberculeuse, 50 % une TP et 25 % une TEP (hépatique, digestive, péritonéale et osseuse ou plusieurs organes à la fois). Le test au Quantiféron pré-thérapeutique n’était positif que dans 1/4 des cas nécessitant un traitement préemptif avant le début des cures par le régime RH de 3 mois, avéré insuffisant chez un patient ayant développé une tuberculose 4 mois après le début des cures. Pour l’infection au VZV, l’éruption vésiculeuse est apparue 12 mois après le début des cures, elle était généralisée associée à une atteinte de la sphère ORL, caractérisée par l’installation progressive d’un œdème glottique est sous-glottique occasionnant une dyspnée laryngée. Le diagnostic a été retenu sur preuve sérologique et PCR. L’évolution était favorable sous valaciclovir en IV durant 7jours associés à une cure de corticothérapie en per os pour l’atteinte laryngée.
La suspension du traitement anti-TNF et l’hospitalisation a concerné tous les patients. La mise en route d’une chimiothérapie antituberculeuse d’une durée moyenne de 10,8 mois [6 ; 12 mois]. La réponse au traitement était jugée bonne chez tous les patients sans récidive durant le suivi avec une reprise de l’anti-TNF après 3 mois de traitement et bonne évolution clinique. Le sexe, le type de maladie inflammatoire, les comorbidités n’ont aucunement influencé la survenue de ces complications.
L’inhibition du TNF expose à un risque significativement élevé de survenue d’infections notamment d’une réactivation de tuberculose latente. Cela impose un suivi rapproché des patients afin d’assurer un diagnostic et un traitement précoces conditionnant l’évolution. Ce type de complications doit être suspecté au moindre signe d’appel et indépendamment des résultats antérieurs des tests pré-thérapeutiques.
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Vol 44 - N° S1
P. A219-A220 - juin 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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