Estimation des couvertures vaccinales anti-pneumococciques et anti-grippales des personnes traitées par immunosuppresseurs pour une maladie auto-immune ou inflammatoire chronique en France en 2020 - 18/06/23
Résumé |
Les personnes traitées par un immunosuppresseur ou une biothérapie pour une pathologie auto-immune ou inflammatoire chronique ont un risque accru d’infections. Certains vaccins comme celui contre la grippe ou les infections à pneumocoques leur sont spécifiquement recommandés mais il n’existe que peu de données sur les couvertures vaccinales dans cette population.
Cette étude est une étude rétrospective de suivi de cohorte à partir des bases de données du Système National des données de santé, concernant tous les régimes d’affiliation. Entre 01/01/2019 et le 31/12/2020, les personnes adultes vivantes éligibles à la vaccination contre le pneumocoque, ont été identifiées à partir des codes CIM-10 de leurs affections longue durée ou antécédents d’hospitalisations, traitements et tests biologiques spécifiques. Les vaccins délivrés à ces personnes ont été identifiés par les données de remboursement depuis 2009. L’objectif principal était d’estimer les couvertures vaccinales contre le pneumocoque et la grippe (2019–2020). Nous présentons, ici, les résultats chez les personnes traitées par immunosuppresseurs ou biothérapies pour une maladie auto-immune ou inflammatoire chronique.
En 2020, nous avons identifié 604 033 personnes traitées par immunosuppresseurs ou biothérapies (femmes : 63 % ; âge moyen : 59±17 ans ; âge>65 ans : 39 %). Les maladies les plus fréquentes étaient : un rhumatisme inflammatoire (51 %), une maladie inflammatoire de l’intestin (22 %), un lupus disséminé (4 %). Entre 2009 et 2020, 10 % des personnes étaient considérées à jour de leur vaccination selon le schéma recommandé : vaccin polysaccharidique conjugué 13-valent (PCV-13) suivi 2 mois à 1 an plus tard du vaccin polysaccharidique 23-valent (PPV-23). Les taux de vaccination ont montré que 48 % avaient reçu ≥ 1 vaccin anti-pneumococcique depuis 2009, avec PCV-13 seul (5 %), PPV-23 seul (13 %) ou les deux vaccins (30 %). Les personnes avec un rhumatisme inflammatoire étaient mieux vaccinées contre les pneumocoques que celles avec une maladie intestinale ou avec un lupus (respectivement pour au moins un PCV-13 : 40 %, 31 % et 29 % et pour le schéma recommandé 11 %, 8 % et 8 %). La couverture antigrippale globale pour la saison 2019–2020 était de 45 % ; elle était plus élevée chez les personnes d’un âge ≥65ans (74 % vs 27 %). À l’inverse, la vaccination anti-pneumococcique avec au moins un vaccin PCV-13 était plus élevée chez les personnes d’un âge<65 ans que ≥65ans (38 % vs 30 %). Au cours de l’année 2020, un médecin généraliste a été consulté par 87 % des personnes (médiane 5 fois), un spécialiste hospitalier par 62 % d’entre elles, et 81 % ont eu un soin infirmier.
En 2020, les couvertures vaccinales anti-grippales et pneumococciques des personnes traitées par un immunosuppresseur pour une maladie auto-immune étaient respectivement de 45 % et de 10 %. L’offre vaccinale était insuffisante malgré de fréquentes consultations médicales et infirmières. En plus, d’une rupture transitoire d’approvisionnement en PPV-23 et de la pandémie de COVID-19, la faible couverture antipneumococcique s’explique probablement par une méconnaissance du schéma vaccinal recommandé, un manque de temps et d’organisation vaccinale dans le suivi des maladies chroniques, et l’absence de remboursement des vaccins dans les établissements de soins. Un recours aux infirmières de pratiques avancées pourrait soulager les médecins de cette tâche, tout en garantissant des vaccinations plus systématiques.
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Vol 44 - N° S1
P. A194 - juin 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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