Évaluation des connaissances des paramédicaux en médecine sur les biothérapies : état des lieux en Tunisie - 18/06/23
Résumé |
Les biothérapies, depuis leur avènement au cours de ces dernières décennies, ont pu enrichir l’arsenal thérapeutique utilisé au cours des maladies systémiques, qu’elles soient auto-immune ou auto-inflammatoire. Une connaissance adéquate du personnel paramédical (les indications et les contre-indications, les éléments du bilan pré thérapeutique, les éléments de surveillance et les effets indésirables) sur ces molécules est indispensable afin de faciliter la prise en charge des patients sous biothérapies.
Une étude transversale et descriptive a été menée au sein du service de médecine interne de l’hôpital militaire principal d’instruction de Tunis de janvier 2023 au février 2023. Le recueil des données a été fait par le biais d’un questionnaire comportant 18 questions (évalué au préalable auprès de trois infirmiers) visant à évaluer leurs connaissances sur les biothérapies.
Trente-quatre paramédicaux ont répondu à notre questionnaire dont 29 infirmiers et 5 aides-soignants. Il s’agissait de 14 femmes (41,1 %) et 21 hommes (61,7 %). L’âge moyen était de 36,21ans (24–58 ans). Les spécialités étaient la médecine interne (29,4 %) et la rhumatologie (20,5 %) suivis par la gastroentérologie (17,6 %), l’hématologie (17,6 %) et la dermatologie (8,8 %). Parmi les répondants, 20 % ont eu une formation sur les biothérapies avant de les manipuler. La durée moyenne de pratique était de 13,93ans. Concernant l’étude des connaissances, le pourcentage de réponses correctes par question a varié entre 2,9 % et 100 %. Sur 18 questions, 4 questions seulement ont eu un taux de réponses correctes qui ne dépassent pas les 22 %. Tous les interrogés avaient manipulé les biothérapies. Les participants identifiaient les biothérapies comme chimiothérapie (n=12), immunosuppresseur (n=18). Deux enquêtés croyaient à tort que les biothérapies sont des corticoïdes. Deux participants ne savaient pas la classe thérapeutique des biothérapies. Dans le bilan pré-thérapeutique, le dépistage d’une infection active constituait la réponse la plus fréquente (97 %). Tous les enquêtés ne connaissaient pas que les sérologies virales et le test au quantiféron font partie du bilan pré thérapeutique. Tous les participants connaissaient que la grossesse et l’allaitement constituent une contre-indication à l’instauration des biothérapies tandis que vingt-trois soit 67,6 % considéraient que les patients ayant une néoplasie active peuvent bénéficier d’une biothérapie. Deux interrogés considéraient que le statut vaccinal doit être vérifié avant de commencer une biothérapie. Tout le personnel paramédical interrogé avait répondu correctement à la question relative à la prémédication, à la voie et le mode d’administration de la biothérapie. Aucun infirmier n’a pu connaître les modalités de conservation des différentes biothérapies. Pour la question relative aux effets indésirables, la réaction anaphylactique constituait la réponse la plus fréquente (97 %). La majorité des participants avaient cité au moins une pathologie correcte qui constitue une indication à une biothérapie. En cas de réaction allergique, les infirmiers sont conscients qu’il faut arrêter la perfusion (96 %) et alerter le médecin (88 %). Dix, soit 29 % des travailleurs enquêtés estimaient qu’ils sont insuffisamment formés en matière de biothérapie. Cinq parmi-eux souhaitaient être intégrés dans des programmes de formation professionnelle continue.
L’évaluation des connaissances des paramédicaux en médecine sur les biothérapies rend compte de la situation préoccupante du niveau de connaissance qui est loin d’être optimal. Il est crucial d’entreprendre des actions concrètes pour améliorer cette situation via des sessions de formations professionnelles continues régulières tout en s’assurant que les programmes initiaux incluent une formation théorique et pratique basée sur les recommandations d’actualité.
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Vol 44 - N° S1
P. A187 - juin 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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