Intérêt d’un dépistage et d’une prise en charge nutritionnelle précoces versus conventionnels dans le cancer de la tête du pancréas opéré - 09/05/23
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La prise en charge des tumeurs de la tête du pancréas (traitements médicaux ou chirurgicaux), est associée à un risque majeur de dénutrition avec 70 à 80 % de patients dénutris. Le dépistage et la prise en charge précoces de cette dénutrition sont donc essentiels, car elle s’accompagne d’une incidence plus élevée des complications post thérapeutiques. Le traitement chirurgical de ces tumeurs, la duodéno-pancréatectomie céphalique (DPC), lorsqu’il est possible, est le seul traitement curatif et s’accompagne d’un retentissement nutritionnel sévère en postopératoire. Dans cette étude rétrospective monocentrique, nous souhaitions comparer les parcours nutritionnels de patients atteints d’un cancer de la tête du pancréas et opérés d’une DPC, et montrer l’intérêt d’un dépistage de la dénutrition et d’une prise en charge nutritionnelle active précoces.
Matériel et méthodes |
Nous avons comparé deux groupes de patients, opérés d’une DPC pour cancer de la tête du pancréas, avant (groupe conventionnel) et après (groupe précoce) la mise en place de l’unité transversale de nutrition (UTN). Les patients du groupe conventionnel (n=26), opérés entre janvier et juin 2019, ont bénéficié d’une prise en charge nutritionnelle principalement durant leur hospitalisation, en postopératoire de la DPC. Les patients du groupe précoce (n=26), opérés entre janvier et juin 2022, ont été pris en charge dès le préopératoire et suivis systématiquement en postopératoire par les diététiciens du service de chirurgie avec à l’aide de l’UTN.
Nous avons recueilli à différents moments du parcours des patients leurs données oncologiques, nutritionnelles, anthropométriques, biologiques, fonctionnelles (handgrip) et d’ingesta. Nous avons également évalué le support nutritionnel (compléments nutritionnels oraux [CNO], nutrition entérale [NE], nutrition parentérale [NP]) ainsi que la traçabilité dans les dossiers informatisés.
Résultats et analyses statistiques |
La prise en charge nutritionnelle systématique en préopératoire a permis d’améliorer le statut nutritionnel des patients (reprise de 2,7 % du poids avant la DPC dans le groupe précoce), alors que dans le groupe conventionnel, la perte de poids initiale se poursuivait (de 0,7 %) (p=0,63). Cependant, malgré des évaluations nutritionnelles (conseils diététiques [CNO]) plus régulières pendant et après l’hospitalisation pour DPC, dans le groupe précoce, la chirurgie était pourvoyeuse d’une dénutrition sévère dans la très grande majorité des cas (86 %). De plus, la morbidité de la DPC semblait moins importante dans le groupe précoce, avec une diminution de la durée moyenne de séjour (22,5±13 au lieu de 35±39 jours dans le groupe conventionnel [p=0,47]), une proportion moindre de complications médicales de la DPC (38,5 % contre 69,2 % des patients dans le groupe conventionnel [p=0,03]), ainsi qu’une réduction de la nécessité de reprises chirurgicales (3,8 % contre 23,1 %, p=0,04). Ces résultats sont à pondérer du fait d’un recul plus court dans le groupe précoce (2,9±0,5 mois contre 20±13 mois dans le groupe conventionnel), du faible échantillon de patients et d’autres biais de confusion liés à l’organisation hospitalière.
Conclusion |
Un dépistage de la dénutrition et une prise en charge nutritionnelle précoces chez les patients atteints d’un cancer de la tête du pancréas, opérés de DPC, permettent d’améliorer le statut nutritionnel en préopératoire et de diminuer la morbidité postopératoire. Cependant, malgré la prise en charge nutritionnelle pendant et après l’hospitalisation, la DPC est associée à un risque majeur de dénutrition sévère. La nutrition artificielle, notamment entérale, doit être discutée dès la réunion de concertation pluridisciplinaire, et facilitée en périopératoire. Il est donc capital de créer des parcours pluridisciplinaires autour du patient, incluant la diététique et la nutrition à toutes les étapes de la prise en charge. C’est pourquoi nous avons crée un groupe de travail dans le but de fluidifier le parcours du patient et d’améliorer sa prise en charge avec la création d’un livret complet (conseils nutritionnels, suivi nutritionnel, informations relatives aux traitements, conseils en activité physique adapté et psychologie, numéros et adresses utiles…).
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Vol 37 - N° 2S2
P. e73 - mai 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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