Discrimination et monitoring alimentaire - 09/05/23
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La métacognition correspond à la capacité d’une personne à être conscient de ses propres comportements et à pouvoir les moduler. Dans cette étude, nous cherchons à mettre en évidence l’existence d’une métacognition fixée aux comportements alimentaires. Nous avons cherché à tester la capacité à discriminer deux aliments en fonction de différentes caractéristiques : le nombre de kilocalories, le nombre de glucides, le niveau d’appréciation et la fréquence de consommation. L’hypothèse étant que nous sommes capables de juger deux aliments et d’attribuer un niveau de confiance dans notre réponse qui représente notre niveau de certitude. Mettre en évidence que la métacognition alimentaire existe pourrait bénéficier à la prise en charge des personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA).
Matériel et méthodes |
Afin de tester ces hypothèses nous avons présenté aux participants un paradigme de choix forcé à deux alternatives (2AFC) suivant un plan factoriel mixte comprenant un facteur inter-sujet, le Groupe (Métacognitif et Sans jugement) et deux facteurs intra-sujet, (1) le Type de qualité alimentaire (Kilocalories, Glucides, Organoleptique et Fréquence) et (2) la Distance entre les deux aliments (Petite, Moyenne et Grande). Les participants devaient dans un premier temps discriminer deux images d’aliments en fonction d’une qualité. Après chaque question, les participants du groupe métacognitif devaient émettre un jugement de confiance envers leur réponse sur une échelle de Likert allant de 50 % à 100 %. Nous avons également administré de manière contrebalancée l’EAT-26, la BIAS-BD et les fluences verbales ainsi que les séquences motrices de Luria de la BREF. Trente-neuf participants ont été inclus dans le groupe Sans jugement (M=22 ans, SD=4,29) et 46 dans le groupe Métacognitif (M=21,9 ans, SD=4,14).
Résultats et analyses statistiques |
Afin d’observer l’effet de la distance et du type de qualité sur la performance (proportion de réponses correctes), nous avons effectué une Anova sur mesure répétées. Les résultats montrent un effet simple de la Distance, [F(2,166)=72,26, p<0,001], un effet simple du Type de qualité, [F(3,249)=80,93, p<0,001] ainsi qu’un effet d’interaction entre la Distance et le Type de qualité, [F(6,498)=11,77, p<0,001]. Nous n’observons aucun effet du groupe. Notre hypothèse est confirmée, les participants arrivent mieux à discriminer des aliments ayant une grande distance. Cet effet varie en fonction du type de qualité, avec un effet beaucoup plus important pour Kilocalorie que pour les autres qualités. Nous avons ensuite calculé la confiance moyenne des participants envers leurs réponses. Pour chaque qualité, nous observons un effet simple de la distance, plus la distance est grande, plus la confiance moyenne augmente. Afin d’observer le niveau de précision de cette confiance (ou précision métacognitive) nous avons calculé un indice gamma sur les jugements de confiance (gamma de type 2) pour chaque qualité alimentaire. Nous avons effectué un t-test pour échantillon unique afin d’observer si la précision différait significativement de zéro. Nous observons un effet significatif uniquement pour Fréquence, [t(46)=4,14, p<0,001], et pour Kilocalorie, [t(46)=2,649, p=0,006]. Ces résultats montrent que la confiance moyenne n’est pas représentative de la précision métacognitive pour toutes les qualités alimentaires.
Conclusion |
Finalement, nous observons bien que nous sommes capables de discriminer deux aliments selon plusieurs qualités, en particulier selon le nombre de kilocalories. De manière générale, il est plus facile de discriminer deux aliments avec une grande distance, et ce, indépendamment du fait d’émettre un jugement de confiance à propos de sa performance. Nous observons également que la facilité de discrimination est liée à une augmentation de la confiance moyenne envers sa réponse, qu’elle soit correcte ou incorrecte. Cependant, bien que les personnes semblent être confiantes envers leur réponse, cela ne veut pas dire que leur jugement sera précis. En effet, nos résultats indiquent une variation de la précision métacognitive en fonction des qualités. La métacognition alimentaire semble exister, bien quelle varie en fonction du type de qualité. Faire cette étude chez une population souffrant de TCA nous permettrait d’observer s’il existe une différence avec la population générale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 37 - N° 2S2
P. e29-e30 - mai 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?