Émotions et régulation émotionnelle des adolescents suite à l’incendie du site industriel Lubrizol (26 septembre 2019) : analyse rétrospective - 27/04/23
Emotions and emotional regulation of adolescents following the fire at the Lubrizol industrial site (September 26, 2019): Retrospective analysis
Résumé |
Objectifs |
Examiner rétrospectivement les émotions éprouvées et la régulation émotionnelle des adolescents, collégiens et lycéens, sitôt l’incendie industriel Lubrizol, puis 9 mois plus tard.
Méthode |
Cent soixante-dix-huit adolescents, exposés au panache de fumée (ou non), résidant à moins de 3km (ou plus) le jour de l’incendie, ont répondu à un questionnaire en ligne en juin 2020. Ils ont rédigé ce qu’ils avaient ressenti dans les 3jours qui ont suivi l’incendie, puis estimé rétrospectivement l’intensité de leurs émotions sitôt l’incendie. Ils ont aussi accepté ou rejeté l’énoncé de neuf stratégies de régulation émotionnelle qu’ils ont adoptées et renseigné plusieurs questions à propos de leurs conduites de protection. Ils ont enfin évalué l’intensité de leurs émotions 9 mois après l’incendie.
Résultats |
Le lexique émotionnel des textes libres comprend 40 % de mots qui concernent la peur ou l’inquiétude ; 26 % la colère ou agressivité, 21 % la tristesse et 6 % d’expression du soulagement. L’exposition sous le nuage ou la résidence à moins de 3km de l’incendie ne modifient pas l’usage du lexique émotionnel. L’autoévaluation de leurs émotions sitôt l’incendie indique que 50 % des adolescents ont été fortement anxieux et 33 % ont ressenti de l’animosité (colère et agressivité). L’anxiété forte est statistiquement plus fréquente chez les adolescents exposés sous le nuage (Chi2=4,5, ddl 1, p<.03), mais pas quand il y a proximité (<3km) de l’incendie (Chi2=0,25, ddl 1, p>.6). L’atténuation des émotions 9 mois plus tard est notable chez ceux qui étaient sous le nuage (Chi2=24,08, ddl4, p<.001). Dans les jours post incendie, moins de 20 % des participants admettent avoir pris le temps de réfléchir avant de s’engager dans une tâche (régulation intrapersonnelle des émotions), alors que 45 % ont posé des questions pour mieux comprendre ce qui les inquiétait, 49 % des adolescents ont échangé des messages numériques avec d’autres élèves et 80 % ont discuté oralement avec des camarades (régulation émotionnelle interpersonnelle).
Conclusion |
L’incendie a produit un choc émotionnel avec anxiété et animosité. Les adolescents ont plus facilement adopté des stratégies de régulations émotionnelles interpersonnelles indépendantes du fait d’avoir été ou pas exposé sous le nuage de fumée ou de résider dans une zone proche ou éloignée de l’incendie. On note 9 mois plus tard une atténuation émotionnelle plus marquée chez ceux qui ont été exposés sous le nuage.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objectives |
Our objective was to retrospectively examine the emotions experienced and the emotional regulation of adolescents, from 11 to 18 years old, immediately after the Lubrizol industrial fire, then nine months later.
Material and method |
A self-administered online questionnaire was completed by a sample of 178 participants exposed (or not) to the smoke cloud or resided at least 3km area from the fire. An open-ended questionnaire asked participants to write down their feelings after the Lubrizol fire. The emotional intensity assessment was first referred to the three days following the fire, then nine months after the fire. The emotional regulation strategies were examined by checking yes/no for nine proposals and the adolescents answered several questions about their protective behaviors.
Results |
The emotional lexicon was related to fear or worry (40%), anger or aggressiveness (26%), sadness (21%) and stress relief (6%). Such lexicon was not altered by the location of the participants (exposed under the cloud of smoke or living in an area near from the fire). The self-evaluation of emotions after the fire revealed that 50% of the participants reported being highly anxious (fear, worry) and 33% experienced animosity (aggressiveness, anger). The high anxiety scores were significantly more often observed in adolescents living under the cloud (Chi2=4,5, df 1, P<.03) than when in its proximity (<3km) to the fire (Chi2=0.25, df 1, P>.6). The attenuation of emotions nine months later is notable in those who were under the cloud (Chi2=24.08, df 4, P<.001). In the three days following the fire, fewer than 20% of participants said they took the time to think before engaging in a task (intrapersonal emotional regulation), while 45% asked questions to better understand what worried them. Forty-nine percent of the participants shared their experience using virtual electronical messages and 80% of them used real physical interpersonal communication (interpersonal emotional regulation).
Conclusion |
The fire produced an emotional shock associated with anxiety and animosity. The adolescents more easily adopted interpersonal emotional regulation strategies independent of whether they had been exposed under the cloud of smoke or whether they lived in an area near or far from the fire. A more marked emotional attenuation was observed nine months later in the participants exposed to the cloud.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Émotion, Régulation émotionnelle, Adolescence, Accident industriel
Keywords : Emotion, Emotional regulation, Adolescence, Industrial accident
Plan
Vol 71 - N° 3
P. 109-116 - mai 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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