P027 - L'expérience de la maladie cancéreuse chez l'adolescent suivi au sein de l'Institut de cancérologie d'Akanda au Gabon - 20/04/23
![](/templates/common/images/mail.png)
Résumé |
Introduction |
L'annonce d'un cancer à l'adolescence et la particularité des soins qui s'y attachent constituent un bouleversement profond et durable qui viennent s'ajouter aux transformations physiques et psychiques caractérisant cette période de la vie. Au Gabon, selon le registre des cancers de l'Institut de cancérologie d'Akanda, en 2020, 5 % des nouveaux cas de cancers enregistrés étaient rattachés à la tranche des adolescents de 12 à 18 ans. L'objectif de notre étude est d'analyser et de comprendre le vécu de la maladie cancéreuse chez les adolescents suivis au sein de l'Institut de cancérologie d'Akanda au Gabon, de l'annonce du diagnostic au long du traitement.
Méthodes |
Il s'agit d'une étude qualitative, descriptive et exploratoire. Les sujets ont été interviewés sur la base d'une grille d'entretien avec autorisation préalable des parents. L'entretien semi-directif était effectué soit en cours d'hospitalisation, soit en dehors de la période d'hospitalisation ; avec ou sans la présence des parents, selon le souhait de l'adolescent. Un temps d'expression libre était également accordé aux sujets. Trois items relevant de l'expérience de la maladie ont été retenus : le traumatisme de l'annonce, le vécu de la maladie et la perte de lien social. Nous avons effectué une analyse thématique de contenu des entretiens.
Résultats |
Au total, 9 patients (4 filles et 5 garçons) âgés de 12 à 18 ans ont pris part à cette étude : 5 en cours de traitement, 3 en surveillance thérapeutique. Tous les patients ont un niveau secondaire. L'annonce de la maladie est un traumatisme même si elle est faite en premier lieu aux parents, sans la présence de l'adolescent ; puis transmise à l'adolescent par les parents avec le médecin (89 % des cas) ou sans le médecin (11 % des enquêtés). Les termes "tumeur" et "cancer" ne semblent pas ramener à la même réalité chez l'adolescent. Celui de "cancer" est plus douloureux voire morbide. La quête de l'origine, du pourquoi et comment, reste une préoccupation constante. Un désintérêt apparent permet de gérer le vécu émotionnel et fantasmatique. Pour 78 % des sujets, la maladie a modifié la relation avec la famille. Celle-ci se tisse désormais sur la surprotection des parents ou de la fratrie, faisant naître un manque d'estime de soi et une perte d'autonomie ; 22 % des adolescents relèvent un rejet des parents, de la fratrie ou des amis, entraînant un sentiment de culpabilité. L'investissement au corps est altéré par les traitements et leurs effets secondaires perçus comme des agressions au corps. Pour les filles ayant bénéficié d'une chirurgie, cette intervention est une réelle atteinte à l'image du corps et à la féminité. Les temps d'hospitalisations sont vécus comme des privations de la liberté et de perte de lien social. Les études sont interrompues surtout pour les adolescents scolarisés hors de la capitale. Pour ceux pouvant poursuivre leurs études, et particulièrement pour ceux en classe d'examens, les absences répétées et l'arrêt des activités sportives collectives sont source d'angoisses et de sentiments divers.
Conclusion |
Cette étude démontre la nécessité d'une prise en charge psychologique de la maladie cancéreuse chez l'adolescent, parfois à long terme. En plus des difficultés existentielles, des éventuels symptômes anxiodépressifs peuvent survenir dès l'annonce de la maladie cancéreuse.
Mots clé |
Annonce, Cancer, Adolescence, Gabon
Déclaration de liens d'intérêts |
Les auteurs n'ont pas précisé leurs éventuels liens d'intérêts.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 71 - N° S2
Article 101668- mai 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.