P046 - Pratique de l’épisiotomie et estimation du risque de lésions obstétricales du sphincter anal à l'aide d'une nouvelle classification - 20/04/23
Résumé |
Introduction |
La littérature reconnaît l'insuffisance de protectection de l’épisiotomie dans la survenue des lésions obstétricales du sphincter anal (LOSA) et son risque d'aggravation. Les recommandations de pratiques cliniques prônent une utilisation restrictive hormis pour la voie basse instrumentale (VBI) controversée. En 2016, le taux d’épisiotomie en population générale était de 20 % (avec d'importantes variabilités régionales) et de LOSA de 0,8 %. En 2019, Desplanches et al. ont élaboré une classification destinée à analyser les pratiques d’épisiotomie en sept groupes principaux selon la parité, le terme, la présentation et le mode d'accouchement des maternités du réseau périnatal bourguignon (2011-2016).
Objectifs |
Evaluer les taux d’épisiotomie dans chaque groupe selon cette classification, identifier ceux à risque de LOSA et évaluer l'association épisiotomie/LOSA dans une maternité de Type III.
Méthodes |
Étude de cohorte rétrospective unicentrique qui incluait les accouchements voie basse (VB) réalisés au CHU de Nice du 01/01/2019 au 31/12/2020 répartis selon la classification pré-citée: G1 (Nullipare, singleton, présentation céphalique (PC), VB, ≥37SA), G2 (Nullipare, singleton, PC, VBI, ≥37SA), G3 (Multipare, singleton, PC, VB, ≥37SA), G4 (Multipare, singleton, PC, VBI, ≥37SA), G5 (Toutes femmes, singleton, PC, tous accouchements [25SA-37SA[), G6 (Toutes femmes, singleton, siège, VB≥25SA), G7 (Toutes les grossesses multiples) Les groupes G2-G4 étaient subdivisés en 2a-4a=Forceps/Spatules et 2b-4b=Ventouses. Choix a été fait ici d'ajouter un sous-groupe 2c-4c=Double instrumentation pour plus de précision avec ajout des caractéristiques maternelles/obstétricales/néonatales. Le taux d’épisiotomie était dans ce CHU de 8,1 % en 2018.
Résultats |
Au total, 6771 naissances ont eu lieu durant la période. Les 5117 VB (75,6 %) ont été incluses et classifiées: G1 (n=1264, 24,7 %), G2 (n=758, 14,8 %), G3 (n=2340, 45,7 %), G4 (n=211, 4,1 %), G5 (n=243, 4,7 %), G6 (n=66, 1,3 %), G7 (n=235, 4,6 %). Le taux d’épisiotomie et de LOSA étaient globalement de 7,3 % (n=371) et 1 % (n=53). Ils étaient respectivement selon les groupes de: G1 (6,6 %-0,7 %), G2 (25,2 %-3,7 %), G3 (1,3 %-0,4 %), G4 (20,9 %-2,8 %), G5 (2,5 %-0,4 %), G6 (12,1 %-0 %), G7 (5,1 %-0 %) et plus particulièrement G2a (25,7 %-3,7 %), G2b (18,3 %-0,7 %), G2c (55,9 %-13,6 %), G4a (21,6 %-2,4 %), G4b (16 %-2,7 %), G4c (45,5 %-2,7 %). Les épisiotomies et LOSA concernaient 46,1 % et 6,5 % des VBI ; 10/53 LOSA (19 %) étaient associés à une épisiotomie. En analyse univariée, l’épisiotomie ne protégeait pas des LOSA dans aucun des cinq principaux groupes concernés mais protégeait uniquement en cas de diabète (10 % versus 12 %, p<0,001). Elle les majorait dans les groupes 2c-4c (respectivement 40,1 % versus 8 %, p<0,001; 10,2 % versus 1 %, p=0,02), lors d'une bosse séro-sanguine (90 % versus 49 %, p=0,01), d'un dégagement en occipito-sacré (40 % versus 11 %, p=0,004), d'un poids de naissance et d'une durée du travail médians augmentés (respectivement 3692g versus 3328g, p=0,03; 9h30 versus 6h, p=0,01). Aucune de ces variables n’était retrouvée en analyse multivariée.
Conclusion |
Contrairement à Desplanches, pour qui l’épisiotomie réduisait les LOSA dans les groupes 1-2-4a, nous ne retrouvions pas de rôle protecteur de l’épisiotomie mais plutôt aggravant. Cette classification utile en pratique clinique mériterait d’être adaptée à chaque type de maternité et d'inclure des caractéristiques individuelles: type de grossesse, de présentation, parité, terme et mode d'accouchement sont insuffisants pour associer épisiotomie et LOSA.
Mots clés |
Episiotomie , LOSA , Classification , Prévention
Déclaration de liens d'intérêts |
Les auteurs n'ont pas précisé leurs éventuels liens d'intérêts.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 71 - N° S2
Article 101688- mai 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.