La profession de sage-femme (SF) a vu ses compétences s’élargir depuis une dizaine d'années. En parallèle, la démographie française, médicale et l'offre de soins ont évolué : les naissances ont chuté de 10 %, le nombre de femmes entre 15-49 ans a baissé de 20 %, le nombre de SF a augmenté de 20 %, celui des gynécologues-obstétriciens (GO) de 34 %, celui des gynécologues-médicaux a chuté de 39 %. Le récent rapport de l'ONDPS a souligné la complexité des liens entre les SF et les autres professionnels aves lesquels elles ont des compétences partagées et la méconnaissance du public sur les compétences des SF. Il n'existe pas, à notre connaissance, d’étude qui ait interrogé la population française sur ses connaissances de la profession de SF.

Comparer les connaissances de la population générale française en matière de compétences professionnelles des SF selon leur région de résidence et corréler ces connaissances à la démographie des GO-GM et MG.

Enquête observationnelle conduite du 01/03/2021 au 31/05/2021 auprès de la population française générale de plus de 15 ans (hors SF/étudiant SF/entourage SF) résidente en France métropolitaine et ultramarine par questionnaire anonyme pré-testé diffusé via les réseaux sociaux. Le questionnaire interrogeait cinq domaines de compétences sous forme de vignette clinique : contraception, suivi gynécologique, suivi de grossesse, accouchement et post-partum. La démographie des GO-GM, MG et SF a été obtenue sur le site de la Drees à partir des registres RPPS et du site donné par l'ARS, Cartosanté.

Au total, 13 153/17 719 (74,2 %) répondants ont été inclus qui résidaient dans toutes les régions métropolitaines et ultramarines. Les caractéristiques des répondants différaient selon les régions : 43,5 % avaient entre 20-24 ans [29,6 % Bretagne – 48,3 % en Bourgogne-Franche-Comté et DROM, p<0,001) ; 93,9 % étaient des femmes [83,9 % PACA/Corse – 96,3 % Normandie, p<0,001] ; 33,5 % étaient étudiants/actifs en santé [30,4 % Centre-Val-de-Loire – 38,5 % Grand-Est, p<0,001] ; 40,1 % avaient déjà été pris en charge par une SF (pour elle-même ou sa compagne) [26,1 % PACACorse – 46,7 % DROM, p<0,001]. Les niveaux de connaissance fluctuaient. Globalement, le niveau moyen national de réponses exactes était de 60 % [54 % PACA/Corse – 61 % Bretagne, p<0,001], celui en contraception de 63,9 % [55 % PACA/Corse – 70 % Bretagne, p<0,001], celui sur le suivi gynécologique de prévention de 70,3 % [62,2 % PACA/Corse – 73,7 % Nouvelle Aquitaine], celui sur le suivi de grossesse de 44,7 % [42,3 % PACA/Corse – 47,4 % DROM, p<0,001], celui concernant l'accouchement de 50,7 % [49 % Occitanie – 51,8 % Ile-de-France, p<0,001] et le post-partum de 65,8 % [62,4 % PACA/Corse – 68,1 % DROM, p<0,001]. La densité de GO-GM était inversement corrélée au niveau de connaissance de la population en matière de contraception (r=-0,76 IC95% [-0,92; -0,33]), suivi gynécologique (r=-0,69 IV95% [-0,87; -0,22] et post-partum (r=-0,62 IC95% [-0,81; -0,13]). La densité de MG impactait peu les niveaux de connaissance.

Nos résultats soulignent la méconnaissance de la population française sur les compétences des SF, aussi bien ancestrales que plus récentes. Le degré de connaissance est soumis à de nombreuses variables : démographie de population, démographie médicale, offre de soins et activités propres des SF aléatoires sur le territoire (ce point mériterait d’être exploité). La mise en lumière des compétences des SF pourrait participer à lutter contre les inégalités d'accès aux soins.

Compétence; Sage-Femme; Connaissance; Population française

Les auteurs n'ont pas précisé leurs éventuels liens d'intérêts.