Alors que le cancer du sein représente plus d'un quart des diagnostics chez les femmes âgées de 70 ans et plus, les sujets âgés sont sous-représentés dans les essais cliniques, rendant difficile l’élaboration de stratégies thérapeutiques adaptées dans cette population, du fait de preuves scientifiques insuffisantes. Les données de vie réelle peuvent permettre d'obtenir des informations complémentaires pour cette population quant aux traitements reçus et au pronostic. Une étude sur le cancer du sein métastatique (CSm) HER2+ à partir de la base ESME-CSm a suggéré une proportion plus faible de traitement standard et un moins bon pronostic chez les femmes âgées par rapport aux femmes plus jeunes. Toutefois, les données manquent concernant les CSm RH+/HER2-.

décrire le traitement de première ligne et étudier les facteurs pronostiques de la survie globale (SG) et de la survie sans progression (SSP) chez des patientes âgées atteintes d'un CSm RH+/HER2- par rapport à des femmes plus jeunes, à partir de données de vie réelle. Le programme de recherche Épidémio-Stratégie Médico-Economique (ESME) collecte des données en vie réelle sur les soins en oncologie à des fins de recherche épidémiologique. La cohorte ESME-CSm concerne toutes les patientes adultes ayant commencé leur traitement métastatique de première ligne dans l'un des 18 centres français de lutte contre le cancer entre 2008 et 2017. Dans le cadre du présent projet, les données des patientes avec un CSm RH+/HER2- ont été extraites. La stratégie thérapeutique de première ligne, la SG et la SSP ont été décrites. Les facteurs pronostiques de la SG et de la SSP ont été étudiés grâce à des modèles de Cox. Les variables candidates étaient l’âge au diagnostic, l'année du diagnostic, l'activité du centre, le nombre de sites métastatique, la présence de métastases viscérales ainsi que le délai sans métastase. Les risques relatifs (RR) et leurs intervalles de confiance à 95% (IC95%) ont été reportés à 1, 3 et 5 ans en cas de non-respect de l'hypothèse de proportionnalité des risques.

Au total, 9436 femmes âgées de moins de 70 ans (<70) et 3848 femmes âgées de 70 ans et plus (70+) avec CSm RH+/HER2- ont été incluses. L’âge médian au diagnostic CSm était de 77 ans chez les 70+ et de 56 ans chez les <70. Près de 32 % des patientes, quel que soit le groupe d’âge, présentaient un CSm de novo. Les patientes présentaient des métastases viscérales dans la moitié des cas (51,6 % chez les 70+, 53,7 % chez les <70). Concernant le traitement de première ligne, 62,0 % des femmes 70+ ont reçu une hormonothérapie seule et 34,2 % une chimiothérapie +/- suivie d'une hormonothérapie, contre 33,5 % et 62,8 % des femmes <70. Les médianes de SG et de SSP étaient de 46,3 (IC95%=45,2-47,3) et 11,9 mois (IC95%=11,5-12,2) chez les patientes <70 et de 35,9 (IC95%=34,5-37,8] et 11,8 mois (IC95%=11,3-12,5) chez les patientes 70+. Chez les 70+, les facteurs associés à la SG incluaient l’âge ≥80 (RR=1,39 ; IC95%=1,27-1,51), un nombre de site métastatique ≥3 (RR=1,40 ; IC95%=1,18-1,65 à 1 an), la présence de métastase viscérale (RR=1,66 ; IC95%=1,44-1,92 à 1 an) et un délai sans métastase ≥24 mois (RR=1,20 ; IC95%=1,04-1,39 à 1 an) par rapport à <6 mois. Des résultats similaires ont été observés pour la SSP.

Les études en vie réelle peuvent compléter les résultats obtenus dans les essais cliniques ou pallier à leurs limites quand leur nombre demeure très faible pour des populations sous-représentées, notamment la population âgée.