Le masseur-kinésithérapeute et les refus de traitements de patients atteints de troubles cognitifs majeurs en gériatrie : étude qualitative par entretiens - 29/03/23
Résumé |
Introduction |
Rechercher un bien fonctionnel pour le patient en négligeant ses volontés ou respecter ces dernières [1 ] et avoir la sensation de l’abandonner : ce dilemme éthique touche les masseurs-kinésithérapeutes (MK) lors des refus de personnes âgées avec des troubles cognitifs. Quelle vision les MK ont-ils des refus en gériatrie ? Quelles conduites professionnelles adoptent-ils ?
Matériel et méthodes |
En empruntant la démarche des histoires de vie [2 ] et la méthode de la clinique-dialogique [3 ], nous avons réalisé 6 entretiens avec des MK. Ces entretiens avaient comme point de départ une situation clinique de refus de traitement d’une personne âgée atteinte de troubles cognitifs majeurs.
Résultats |
L’analyse des entretiens démontre la complexité de la problématique du refus en gériatre et du vécu parfois difficile des soignants face à celui-ci. Le malaise des MK vis-à-vis des refus est visible par la verbalisation des émotions, le vocabulaire guerrier et les sensations d’incertitude et de perte de sens. Les MK adoptent des stratégies diverses qui les questionnent (compréhension, compromis, adaptation, autorité, chantage…). Le contexte des situations de refus et notamment le rôle des autres soignants et des familles sont déterminants dans leurs conduites professionnelles respectives.
Discussion/conclusion |
Le problème du refus de traitement ouvre une réflexion profonde sur la place, la définition et le sens du métier de MK en gériatrie. En mettant en lumière l’importance du travail de care [4 ], il pose la question d’un consentement libre et éclairé, de la liberté des pratiques [5 ] et interroge un besoin collectif de temps et d’espaces pour discuter des refus. La recherche a davantage permis d’expliciter des questions que de proposer des solutions. Le refus est vécu comme un phénomène complexe qui interroge les MK. Or, les réponses apportées à ces situations seront inévitablement relatives au contexte et de l’ordre de l’interprétation. Au regard des résultats de notre travail, nous nous garderons de produire une et une même conduite universalisante à adopter lors de situations de refus. Il apparaît impossible et inenvisageable d’en décrire une tant les refus sont différents. Il serait donc inopportun, inutile, voire dangereux, de préconiser une méthode qui permettrait d’éviter ou de gérer les refus. Pourtant, la pratique kinésithérapique fait face à ces réalités. Que faire donc ? La question des refus ne pourrait se limiter à un dilemme éthique insoluble. Elle est en réalité bien plus riche.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 23 - N° 255
P. 86 - mars 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?