Les activités motrices sont guidées par des représentations mentales sensorimotrices permettant la planification, la programmation et le contrôle des actions [1Jeannerod M. The 25th Bartlett Lecture. To act or not to act: perspectives on the representation of actions Quart J Experiment Psychol 1999 ;  52 : 1-29 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références] qui se construisent sur la base d’informations sensorimotrices issues de l’environnement ou du corps [2Jeannerod M. Neural simulation of action: a unifying mechanism for motor cognition Neuroimage 2001 ;  14 : S103-S109

Cliquez ici pour aller à la section Références]. L’évolution du traitement de celles-ci, liée à l’apprentissage et l’expertise [3Robin N. Imagerie mentale et performance motrice  : [Thèse] Université de Poitiers (2005). 

Cliquez ici pour aller à la section Références] est peu décrite pour la pratique professionnelle et l’apprentissage de métiers où le corps est un outil (par exemple, le masseur-kinésithérapeute MK). Ce métier évolue au cours des années avec l’utilisation de la pratique basée sur les preuves aidant au choix thérapeutique avec les données scientifiques tout en gardant une pratique physique quotidienne. Ces compétences physiques apprises et répétées feront évoluer le système sensori-moteur. Cette évolution pourra être évaluée par différents moyens comme l’imagerie motrice qui sollicite des zones corticales, responsables de la programmation et du contrôle moteur, similaires à celle des actions réelles.

Cette étude a pour but de comparer l’évolution de la sensorimotricité d’étudiants et de MK diplômés ainsi que leur modalité et perspective préférentielle (visuelles 1^re et 3^e personne et kinesthésique). Un questionnaire en ligne (MIQ-3sf [4Robin N., Coudevylle G., Dominique L., Rulleau T., Guillot A., Toussaint L. French translation and validation of the Movement Imagery Questionnaire-3 second version (MIQ-3Sf) Mov Sport Sci 2020 ;  2 : 23-31 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références]), évaluant la capacité d’imagerie de mouvements simples pour différentes modalités et perspectives, a été envoyé à des MK et étudiants.

Au total, 337 sujets (278 étudiants MK, 59 MK ; âge moyen=24,9 ans) ont répondu. Une différence significative d’imagerie kinesthésique entre étudiants et MK diplômés (p=011) a été observée. L’analyse de la comparaison des segments corporels révèle des scores d’imagerie kinesthésique supérieurs chez les diplômés par rapport aux étudiants, que ce soit pour le membre supérieur (p=0,011), le tronc (p=0,030) ou les deux (p=0,002). Aucune différence n’a été observée entre les deux cycles de formation des étudiants chez qui la modalité et perspective préférentielle est l’imagerie visuelle 1^re personne.

L’amélioration des scores d’imagerie kinesthésique avec les années de pratique pourrait être liée à une quantité de pratique supérieure, de par une utilisation quotidienne de leur corps comme outils de soin, chez les MK diplômés. L’absence de groupe contrôle et les différences de taille d’échantillon entre les groupes sont des limites. Les résultats de cette étude suggèrent un développement de la sensorimotricité une fois l’obtention du diplôme et non en formation initiale.