Traiter l’ambiguïté sémantique implique une sélection (comprenant inhibition et gestion d’interférence) proposée comme altérée lors du vieillissement. Cependant, la littérature n’indique pas s’il y aurait une altération différentielle de l’inhibition et de l’interférence.

Via une tâche d’association entre mots, selon une règle sémantique forçant l’inhibition, en présence ou absence de distracteurs sémantiques (stimulant l’interférence), nous avons mesuré différentiellement ces processus chez 69 participants âgés et 65 jeunes.

La première règle d’association requérait soit de choisir un synonyme pour un mot homonyme (ex. accès), selon son sens dominant (ex. entrée) ou celui subordonné (ex. poussée), soit selon une caractéristique commune (« couleur » ; ex. cerise-sang). « Subordonné » et « caractéristique » imposent une inhibition du sens dominant ou des caractéristiques non pertinentes. Un distracteur (parfois) relié sémantiquement impose une gestion de l’interférence.

L’ANOVA montre que jeunes et âgés présentent une vitesse de traitement ralentie de manière équivalente pour ignorer un distracteur sémantique, et traitent à la même vitesse l’association d’un homonyme à son sens dominant ou subordonné. La seule différence significative jeunes/âgés (p=.02) est l’association selon une caractéristique, condition la plus rapide pour les jeunes et la plus lente pour les âgés (Fig. 1, Fig. 2 et Tableau 1).

L’effet du vieillissement n’est pas démontré sur l’inhibition du sens ambigu dominant et sur la gestion de l’interférence due à un distracteur sémantique. Les âgés ont été bien plus ralentis pour associer deux mots selon sur une caractéristique, ce qui pourrait également reposer sur un ralentissement de l’accès aux traits sémantiques moins saillants (ex. cerise-sang ; accéder à la caractéristique ‘couleur’, au delà de « fruit », « fluide »).

Le vieillissement n’affecte pas la sélection dans l’ambiguïté (inhibition/gestion d’interférence) mais bien la sélection des caractéristiques moins saillantes, ce qui n’exclut toutefois pas un déficit de sélection dans le vieillissement, possiblement liée à une difficulté d’accès.