Alors que les sociétés modernes sont marquées par une diversité socioculturelle importante, les personnes migrantes et issues de minorités ethniques tendent à présenter un risque plus élevé de développer des troubles psychiatriques que la population générale selon les données épidémiologiques récentes. Si les inégalités sociales de santé entraînent un défaut d'accès aux soins dans ces « populations à risque », le système de santé et les soignant(e)s doivent s'adapter à leurs besoins de santé spécifiques dans une optique de responsabilité sociale. Les attitudes des soignant(e)s peuvent en effet majorer ou diminuer les difficultés d'accès aux soins, selon qu'elles sont favorables ou non à l'accueil de la diversité culturelle et à la prise en compte des injustices sociales. La pratique clinique en situation interculturelle implique ainsi d'adopter une posture réflexive, fondée sur la conscience des différences culturelles mais également des injustices sociales vécues par les populations migrantes et issues de minorités ethniques. Dépassant la notion de compétences culturelles, celle d'humilité culturelle offre un cadre conceptuel et pratique permettant aux soignant(e)s de s'inscrire dans une démarche réflexive et autocritique, non paternaliste, centrée sur le/la patient(e), ouverte à autrui et aux expériences de l'autre. Cette démarche se fonde également sur une approche basée sur la santé publique, le plaidoyer en santé et la conscience des injustices sociales et des enjeux de pouvoir. Deux concepts ont prévalu dans l'émergence de l'humilité culturelle : la diversité culturelle et le déséquilibre de pouvoir. Ils existent tous deux dans la société mais également dans la relation de soin. Cinq principes fondamentaux se déploient dans la démarche d'humilité culturelle : l'ouverture d'esprit, la conscience de soi, l'altruisme, l'interaction soutenante et la réflexivité critique. Les différentes conséquences attendues sur la relation de soin lors de la mise en place d'une démarche d'humilité culturelle sont l'empowerment, le respect mutuel, le partenariat, des soins optimaux et le développement professionnel continu.