Depuis les années 1990, persiste un débat scientifique autour de l'existence de l'amnésie dissociative. Certains auteurs sont persuadés de tenir les preuves de son existence, tandis que d'autres, plus sceptiques, contestent les preuves peu convaincantes avancées par les premiers. Or, ce débat est absolument central dans le champ du psychotraumatisme, car la remise en question de l'amnésie dissociative engendre des répercussions cliniques, thérapeutiques et juridiques colossales pour toutes les victimes. Dans cet article, nous proposons de poser un regard scientifique sur ce concept, notamment par le biais de données issues des modèles animaux, afin d'apporter une validité scientifique à l'existence de l'amnésie dissociative. Après avoir passé en revue les principaux modèles théoriques de ce concept, nous proposons de formuler une hypothèse mécaniste de l'amnésie dissociative et de répondre aux principaux arguments classiquement avancés par ses détracteurs. Enfin, nous proposons de clarifier le débat qui subsiste entre amnésie dissociative et faux souvenirs. Nous espérons que cet article constituera une base théorique solide sur laquelle un psychologue, un psychiatre ou un magistrat pourra s'appuyer pour conclure à un lien concret entre l'exposition à un événement traumatique et la non-accessibilité plus ou moins temporaire à son vécu épisodique.