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Les pharmaciens d’officine sont aussi des acteurs du 1er recours. Résultats de l’enquête demandes de soins non programmés dans les officines du Grand Est - 01/03/23

Community pharmacists are also first aid actors. Results of the survey on unscheduled care in pharmacies in the Grand Est region

Doi : 10.1016/j.pharma.2022.08.012 
C. Wilcke a, L. Parenty b, H. Zamolo b, F. Sarkozy b,
a URPS Pharmaciens Grand Est, Nancy, France 
b Tous Pour La Santé, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Points essentiels

Structuration en cours des officines de la Région Grand Est en « Lieux de Santé de proximité » (le questionnaire ayant été rempli en novembre 2020, à l’entrée dans l’étude des participants) : 6 professionnels en moyenne, 99 % avec un local de confidentialité, 30 % collaborent avec d’autres PDS… ; participation active au dépistage : 90 % mesure TA, 50 % mesure de la glycémie/conduite d’entretiens, 40 % mesure température/TROD strepto./COVID, … ; acteur majeur de la vaccination ; support aux patients chroniques.
Identification, par la population, de l’officine comme un acteur de santé du 1er recours avec des demandes de soins non programmés (SNP) concernant : toutes les tranches d’âge de la population, y compris celles rarement suivies par les médecins (36 % d’adultes jeunes) ; les patients habituels mais aussi 29 % d’usagers non connus de l’officine – notamment dans les plus grandes villes (35 % dans les pharmacies de quartier) ou les centres commerciaux (32 %) ; les patients chroniques (20 % d’ALD) qui, au-delà de la délivrance de l’ordonnance, ont des demandes de SNP auprès de l’équipe officinale (1 % des demandes concernent le diabète et 4 % le CV) ; les patients bénéficiaires de la C2S, ils représentent 7 % des demandeurs de SNP ; des pathologies du quotidien (dermatologie 19 %, ORL 15 %, gastro-entérologie 11 %, COVID 9 %) qui varient selon le profil de l’usager, la saison et le jour de la semaine ; un effet booster COVID : 88 % des répondeurs estiment que la crise a entraîné une augmentation des demandes SNP en officine (±liées au COVID).
Implication importante des équipes officinales avec : un rôle actif du pharmacien lui-même dans 52 % des demandes de SNP ; 8 minutes de temps moyen passé sur chaque demande et même plus de 12 minutes en cas de pathologies chroniques (notamment pour les demandes concernant le diabète et les pathologies CV) ; une collecte d’informations quasi-systématique ; une approche adaptée aux types de demandes et aux profils des demandeurs avec des conseils délivrés dans la quasi-totalité des cas (94 %).
Réponse adaptée aux questions des usagers avec un retour à domicile dans 89 % des cas, et une orientation plus fréquente vers les professionnels de santé (PdS) habituels du patient en cas de pathologies chroniques ou récurrentes (urologie 41 %, pneumologie 36 %, diabète 29 %, CV 20 %). La formation des équipes officinales et la mise en œuvre de protocoles pluriprofessionnels permettraient sans doute de limiter l’orientation vers le médecin.
Absence de reconnaissance de la contribution des officines à la gestion des demandes de SNP : une rémunération reposant exclusivement sur la réalisation d’actes techniques et/ou la dispensation alors que 11 % des demandes, parmi les plus longues (10min en moyenne) ne font l’objet d’aucune délivrance ; une décorrélation complète avec la fragilité du patient, la complexité de la demande et le temps passé par l’équipe officinale.
Rôle de « sentinelle » du réseau d’officines avec une capacité de détecter en amont certains évènements intercurrents : évolution dans le temps des pathologies saisonnières avec des pics de demandes de SNP concernant la dermatologie fin mai (chenilles processionnaires du chêne), l’ORL à partir d’octobre, la gastro-entérologie à la rentrée et après les fêtes de fin d’année, et la réalisation de TAG avant la survenue des vagues successives de COVID ; témoin de la vie des populations du territoire puisque les demandes évoluent selon la typologie de l’officine et selon le jour de la semaine (plus de gynécologie le lundi, de traumatologie le mercredi, et de demandes liées au COVID/TAG en fin de semaine) ; participation active à la permanence des soins ambulatoires (PDSA) dans le cadre des gardes pharmaceutiques, avec des demandes souvent plus complexes et/ou urgentes.
Volonté à 90 % des pharmaciens de la région (Étude URPS Pharmaciens 2021) de développer leur engagement à condition d’une approche basée sur : le volontariat des équipes officinales ; un effort de formation des équipes (urgences et demandes de SNP) ; la coopération avec les autres professionnels de santé (protocoles, recommandations de conduite à tenir, outils de partage d’information, …) ; la reconnaissance de leur contribution à la Santé Publique.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Résumé

Introduction

D’après le Code de Santé Publique, la contribution aux soins de premier recours est une des missions du pharmacien. L’accessibilité sans rendez-vous et le maillage territorial des officines font du pharmacien un acteur essentiel de la prise en charge des soins non programmés, qui restent une porte d’entrée importante des usagers dans le système de soins ambulatoires de ville. Ce type de demandes, quotidiennes en officines, n’a pas fait, jusqu’à présent, l’objet d’une évaluation qualitative ou quantitative. La région Grand-Est, regroupant près de 8 % des officines françaises, a souhaité mener une enquête spécifique pour quantifier et évaluer les demandes de soins non programmés adressées aux pharmaciens sur son territoire.

Méthodes

L’enquête de l’URPS Pharmaciens et de l’ARS Grand-Est a été menée par Tous Pour la Santé sur une période de 12 mois de novembre 2020 à novembre 2021. La participation à l’étude se faisait sur la base du volontariat. L’objectif principal de cette étude était de définir la typologie des demandes de soins non programmés adressées à l’officine et de caractériser la réponse de celle-ci.

Résultats

Cent quatre-vingt-neuf officines (près de 12 % des pharmacies de la Région, un taux qui aurait certainement pu être supérieur si l’étude n’avait pas été menée durant la pandémie de COVID-19), représentant 11 010 demandes de soins non programmés, ont participé à l’enquête. Malgré une envie massive de la profession de s’impliquer dans la prise en charge de ces demandes, l’enquête a mis en évidence une absence de formation spécifique des pharmaciens sur ce sujet et une trop rare mise à jour de l’AFGSU. Les demandes des usagers concernent aussi bien les besoins de santé du quotidien que ceux plus spécifiques des patients chroniques. Elles évoluent en fonction du profil du demandeur, des saisons, des jours de la semaine ou de garde et du type d’officine impliquée. Tous les âges sont ainsi concernés notamment les adultes jeunes. La durée moyenne de la prise en charge par l’équipe officinale était de 8 minutes par demande alors même que dans 20 % des cas celle-ci ne donnait lieu à aucune délivrance de produit et dans 11 % des cas à aucune rémunération du pharmacien.

Conclusion

Cette enquête a permis de confirmer le rôle du pharmacien dans la réponse à apporter aux demandes de soins non programmés en tant qu’acteur du premier recours et aiguilleur dans le système de santé. La mise en place de protocoles de prise en charge partagés avec les autres professionnels de santé, au premier rang desquels les médecins, et la reconnaissance de la contribution des équipes officinales permettraient d’encadrer la prise en charge par le pharmacien et ainsi d’optimiser le parcours du patient dans le système de santé.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Introduction

According to the Public Healthcare Code, contributing to primary care is one of the pharmacist's key missions. Accessibility without appointment and the territorial network of pharmacies make the pharmacist an essential player in the management of unscheduled care, which remains an important gateway for users into the primary care system. This type of requests, daily in pharmacies, has not been yet the subject of a qualitative or quantitative evaluation. The Grand-Est Region, regrouping nearly 8% of French pharmacies, wanted to conduct a specific survey to quantify and assess the unscheduled care requests addressed to pharmacists on its territory.

Methods

The survey by URPS Pharmacists and ARS Grand-Est was conducted by Tous Pour la Santé over a period of 12months from November 2020 to November 2021. Participation in the study was on a voluntary basis. The main objective of this study was to define the typology of unscheduled care requests addressed to the Region pharmacies and to characterize the responses provided.

Results

One hundred and eighty-nine pharmacies (nearly 12% of Grand Est pharmacies, the participation rate could certainly have been higher if the study had not been conducted during the COVID-19 pandemic), representing 11,010 unscheduled care requests, took part in the survey. Despite the profession's massive desire to get involved in handling unscheduled care requests, the survey revealed a lack of specific training for pharmacists on this subject and an all-too-rare update from the AFGSU. User requests concern both daily healthcare needs and more specific chronic patients’ needs. They evolve according to the profile of the applicant, the seasons, the days of the week and the type of pharmacy concerned. All ages are represented, including young adults. The average duration of care by the pharmacy team was 8minutes per request, even though in 20% of cases this did not lead to any delivery of product and in 11% of cases to no remuneration for the pharmacist.

Conclusion

This survey confirmed the role of the pharmacist in responding to unscheduled care requests as a first-line actor and referral agent in the health system. The implementation of shared multiprofessional protocols, including first and foremost general practionners, and the recognition of the contribution of pharmacy teams would allow to define a framework to optimize the patient's journey through the healthcare system.

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Mots clés : Pharmacien, Soins de premier recours, Enquête, Parcours de soins, France

Keywords : Pharmacist, Primary care, Survey, Care pathway, France


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Vol 81 - N° 2

P. 380-388 - mars 2023 Retour au numéro
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