Les équipes mobiles de psychiatrie jouissent en France d'une notoriété et d'un engouement certains. Insuffler une mobilité aux pratiques en santé mentale apparaît comme une proposition ambitieuse et ces équipes ont toutes le même projet : un maintien de qualité du patient dans la communauté. Ces dispositifs mobiles, dont l'histoire traverse le mouvement de la désinstitutionnalisation et rencontre, entre autres, celui de la psychiatrie communautaire, incarnent à plusieurs égards la volonté d'un positionnement nouveau vis-à-vis de l'institution, nourrissant souvent le dessein de se passer de l'hospitalisation. Force est de constater la grande hétérogénéité de ces équipes dont les déterminants et les facteurs de réussite sont ainsi difficiles à cerner. La comparaison des grands modèles de référence permet de pointer que cette diversité est marquante sur le plan théorique. Les essais cliniques internationaux souffrent, sur le plan méthodologique, de cette hétérogénéité. La littérature récente semble confirmer ce point qui, s'il révèle des améliorations souhaitables, notamment d'encadrement terminologique, suggère aussi que cette diversité est l'expression de la pratique essentiellement circonstancielle et locale de la mobilité. Si les programmes les plus intensifs montrent des bénéfices, des études suggèrent que des dispositifs moins robustes pourraient être tout aussi pertinents. En France, les initiatives mobiles en psychiatrie sont souvent portées localement et participent, chacune à leur manière, de la promotion d'un maintien du patient dans la communauté. Ces équipes font face au défi de s'inspirer des modèles existants tout en adaptant leurs pratiques au dispositif sectoriel déjà en place. De plus, elles doivent apporter un soin particulier au travail de partenariat avec les différents acteurs des champs sanitaire, social et médicosocial sans complexifier la cartographie d'un réseau qui souffre déjà d'un manque de lisibilité.