Défauts d’interaction entre le microbiote et la barrière épithéliale intestinale : un nouvel acteur impliqué dans les troubles digestifs observés chez les patientes douloureuses pelviennes chroniques - 11/01/23
Résumé |
Introduction |
Les troubles digestifs associés aux douleurs pelvi-périnéales chroniques (DPC) sont invalidants et leur fréquence est mal connue. Les objectifs de cette étude étaient (1) de caractériser les troubles digestifs de patientes DPC (2) de déterminer si une dysbiose du microbiote intestinal ou une altération de ses métabolites était retrouvée chez les femmes douloureuses avec symptômes digestifs (DPC+) comparativement aux femmes douloureuses sans symptômes (DPC-) ou à des contrôles sains (CT) ; (3) d’évaluer la capacité du surnageant fécal (SF) des patientes DPC+ à induire des modifications de la barrière épithéliale intestinale dans un modèle murin.
Matériel et méthodes |
Questionnaire ROME IV et barostat rectal de patientes DPC (n=40). Analyse 16S (microbiote) et par spectrométrie de masse (50 métabolites) des fécès d’une population de DPC+ (n=15), DPC- (n=15) et CT (n=16). Lavement colique de souris prétraité par antibiothérapie avec du SF de DPC+ (n=5), DPC- (n=5) et CT (n=5). Sacrifice puis analyse de la perméabilité colique, analyse transcriptomique haut débit et analyse immuno-histologique de la barrière muqueuse colique.
Résultats |
Soixante pourcent des patientes DPC présentaient des troubles du transit sur les 3 derniers mois (30 % alternance diarrhée/constipation, 22 % constipation et 8 % diarrhée). Un abaissement significatif du seuil de douleur à la distension rectale était retrouvé chez les DPC+ comparativement aux DPC- et aux CT. La douleur ressentie lors de l’examen (EVA) était corrélée à l’intensité des troubles digestifs (p=0,04). Une augmentation de la richesse du microbiote intestinal (nombre d’ASV, p=0,046) et une baisse de la béta-diversité (PCOA, p=0,009) était retrouvée dans la population DPC+ comparativement aux DPC- et aux CT. Une modification de sa composition (22 bactéries différentiellement retrouvées entre les groupes au niveau des ASV). De plus, une augmentation significative de 5 métabolites lipidiques inflammatoires et de 2 métabolites bactériens (lithocholique acide et acétate) a été retrouvée, ainsi qu’une diminution du butyrate dans les fécès de patientes DPC par rapport aux CT. Chez la souris, la perméabilité colique n’était pas modifiée mais l’expression ARNm de Muc2 et d’un réseau de 8 gènes associés étaient sous-exprimés chez les souris traitées avec SF de patientes DPC+ comparativement aux deux autres groupes. Cette altération significative du mucus colique a également été retrouvée à l’aide d’un marquage Muc2 en immunohistochimie.
Conclusion |
Le microbiote et les métabolites des fécès des patientes DPC+ pourraient altérer la barrière de mucus chez ces patientes et contribuer aux troubles digestifs observées.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 51 - N° 1
P. 101 - janvier 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?