Une partie substantielle des personnes âgées (cliniques et non cliniques) rapportent avoir des hallucinations. Pourtant, à de rares exceptions, ce domaine de la santé mentale est encore peu développé et est essentiellement orienté vers le vieillissement pathologique. Il est encore actuellement difficile de déterminer si la prévalence des hallucinations avec l'avancée en âge augmente ou décline, comparativement aux cohortes d'individus plus jeunes. Cela s'explique notamment par la grande variabilité tant dans les procédures, les groupes d'âges inclus, que dans les expériences hallucinatoires examinées. De plus, de manière générale, l'émergence des hallucinations avec l'avancée en âge est encore mal comprise et leurs conceptions caricaturales peuvent entraîner une forme de stigmatisation. Associé à de l'âgisme, cela pourrait conduire à ce que ces expériences soient moins rapportées par les personnes âgées et/ou qu'elles soient sous-diagnostiquées ou mal interprétées par les professionnels du soin. Les conceptions actuelles des hallucinations suggèrent que l'émergence des hallucinations avec l'avancée en âge est le résultat d'une combinaison dynamique de facteurs tels que des déficits sensoriels, cognitifs et psychosociaux (isolement social, solitude ou deuil) liés à l'âge, d'une part, et de l'efficacité du processus de compensation induit par ces déficits, d'autre part. Néanmoins, la littérature est encore assez pauvre dans ce domaine (notamment en ce qui concerne les interactions entre les différents facteurs ou les conséquences émotionnelles des différents types d'expériences hallucinatoires) et invite au développement d'évaluations et d'interventions adaptées ainsi que d'une sensibilisation plus importante tant du public que des professionnels de la santé et des soins aux personnes âgées.