Étude des facteurs associés à un risque d’atteinte neurologique sévère dans les spondylodiscites infectieuses dans une cohorte de 329 cas - 18/12/22

Résumé |
Introduction |
Les spondylodiscites infectieuses (SPI) sont des infections du disque intervertébral et des vertèbres adjacentes potentiellement sévères, en particulier du fait d’un risque de complications neurologiques déficitaires survenant dans environ 9,2 % selon l’étude SPONDIMMO [1 ]. Seules deux études françaises ont étudié les facteurs de risque d’atteinte déficitaire qui sont : la présence d’un abcès épidural, une atteinte cervicale ou thoracique, une CRP>150mg/L et une SPI à S. aureus [2 ]. L’objectif de cette étude monocentrique, rétrospective, était de décrire les caractéristiques des patients présentant une SPI déficitaire et de déterminer les facteurs associés à la survenue d’un tel déficit.
Patients et méthodes |
À l’aide de l’entrepôt de données de santé, ont été recueillies toutes les suspicions de spondylodiscite hospitalisées dans un service de médecine ou de chirurgie de 2010 à 2020. Après révision des dossiers et exclusion des diagnostics différentiels, les patients déficitaires (présentant des troubles sphinctériens ou un déficit moteur<4/5) ont été comparés avec le reste de la cohorte. L’analyse statistique a été faite par test exact de Fisher pour les données qualitatives et par test de Mann-Whitney pour les données quantitatives. Les variables significativement différentes en analyse univariée ont ensuite été intégrées dans un modèle de régression logistique pour analyse multivariée.
Résultats |
Après analyse de 821 dossiers, 329 patients ont été inclus. L’âge moyen était de 67,2 ans, il y avait 61,1 % d’hommes. L’atteinte rachidienne était lombaire pour 238 patients (72,3 %) et multifocale pour 59 (17,9 %). Les bactéries causales étaient : Staphylococcus sp. pour 127 (38,6 %) patients Streptococcus ou Enterococcus sp. pour 88 (26,7 %), bacille gram négatif (BGN) pour 45 (13,7 %) et mycobactérie pour 14 (4,3 %). Quarante-neuf (14,9 %) patients présentaient une atteinte neurologique sévère dans cette cohorte, 26 étaient déficitaires d’emblée, tandis que 23 le sont devenu en cours d’hospitalisation. Après analyse multivariée, les variables associées à un déficit neurologique étaient : une infection à mycobactérie (OR 8,7 [2,2–34,4]), une infection à BGN (OR 3,0 [1,2–7,3]) la présence d’une épidurite (OR 5,4 [2,5–11,8]), une atteinte cervicale ou dorsale (OR 2,1 [1,0–4,4]) et une CRP>50mg/L (OR 5,4 [1,1–26,7]). La découverte de la SPI dans un contexte de sepsis pré-existant était associée à l’absence de déficit OR (0,3 [0,1–0,8]). L’analyse des variables associées à la survenue d’un déficit neurologique au cours de l’hospitalisation était : une infection à mycobactérie (OR 11,0 [2,6–45,5]), une infection à BGN (OR 3,2 [1,1–9,7]) et la présence d’une épidurite à l’imagerie (OR 3,8 [1,4–10,5]). Vingt (40 %) patients ont été traités par décompression chirurgicale avec une récupération motrice pour 13 (65 %), 29 (60 %) ont été traités médicalement avec une récupération motrice pour 18 (62 %).
Conclusion |
Il s’agit, à notre connaissance, de la première étude identifiant les SPI à mycobactérie et BGN comme à risque significatif d’atteinte neurologique sévère.
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Vol 89 - N° S1
P. A47 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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