Le dépistage systématique des multimorbidités entraîne une augmentation de la prise de médicaments préventifs des comorbidités et une diminution du taux d’hospitalisation - 18/12/22
Résumé |
Introduction |
Un dépistage systématique des multimorbidités est réalisé depuis 2014 au CHU de Montpellier chez les patients atteints de rhumatismes inflammatoires chroniques (IRD). L’objectif de ce travail était d’évaluer l’impact de ce dépistage sur la prise en charge des patients et le taux d’hospitalisation au cours d’un suivi de 3 ans.
Patients et méthodes |
Les patients atteints d’IRD bénéficiant du programme de dépistage (date index) ont été identifiés dans la base de données nationale de santé française SNDS et appariés à 3 témoins sur l’âge, le sexe, l’IRD et la durée de la maladie. Le critère de jugement principal était un score composite évaluant la délivrance de médicaments préventifs de la comorbidité (vaccins, traitements antiplaquettaires, hypolipémiants, anti-ostéoporotiques) au cours de l’année suivant la date index. Les critères secondaires étaient la consultation d’un cardiologue/pneumologue, le taux d’hospitalisation toutes causes confondues, les hospitalisations pour fractures, événements cardiovasculaires ou infections. Les rapports de cotes (IC95 %) ont été calculés, avec une régression logistique multivariée ajustée sur les antécédents médicaux (hypertension, diabète, insuffisance cardiaque, maladie CV, maladie pulmonaire, fractures ostéoporotiques) et les médicaments liés à l’IRD ou inclus dans le critère primaire au cours de l’année précédente.
Résultats |
Au total, 441 patients ayant participé au programme de dépistage (exposés) ont été identifiés dans la base de données nationale et appariés avec 1323 patients non dépistés (témoins). Au total, 73,9 % d’entre eux souffraient de polyarthrite rhumatoïde, 18,1 % de spondylarthrite ankylosante et 7,9 % de rhumatisme psoriasique. Les patients exposés avaient significativement moins de diabète que les témoins (4,5 vs 7,6 %) et recevaient significativement moins de glucocorticoïdes (36,5 vs 42,1 %), plus de csDMARDs (56,9 vs 42,8 %) et plus de bDMARDs (57,4 vs 32,6 %) que les témoins. L’utilisation de médicaments évalués dans les critères primaires était plus fréquente dans l’année précédant l’inclusion dans le groupe exposé par rapport aux témoins (58,4 vs 45,3 %). Les patients exposés ont rempli le critère primaire presque deux fois plus que les témoins (OR=1,9 [1,5–2,4]). L’instauration de médicaments préventifs de comorbidité restait significativement plus fréquente après ajustement sur les antécédents médicaux et les médicaments antérieurs (OR=1,5 [1,1–2,1]). Après ajustement sur les comorbidités de base, les patients exposés ont consulté significativement plus de cardiologues ou de pneumologues dans l’année suivant le dépistage que les témoins (OR=1,6 [1,2–2,1]). Les témoins avaient un risque trois fois plus élevé d’hospitalisation toutes causes confondues (3,1 [2,1–4,6]) lors du suivi d’un an qui restait significatif après ajustement (2,4 [1,5–4,0]). Les témoins avaient un risque significativement plus élevé d’hospitalisation pour événements cardiovasculaires (2,1 vs 0,3 %), infections (6,8 vs 3,6 %) et admission aux urgences (20,3 vs 10,6 %) que les témoins au suivi de 2 ans.
Conclusion |
Les recommandations données lors du programme de dépistage des comorbidités ont été appliquées avec une augmentation de la prise de médicaments préventifs des comorbidités et plus de consultations avec les spécialistes. Après ajustement sur les comorbidités et les médicaments au départ, nous avons observé une diminution du risque de taux d’hospitalisation qui pourrait refléter l’impact positif de la réalisation d’un dépistage systématique des multimorbidités chez les patients IRD.
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Vol 89 - N° S1
P. A33 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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