L’hémodialyse est-elle suffisante pour contrôler les accès goutteux chez les patients atteints d’insuffisance rénale chronique terminale ? - 18/12/22
Résumé |
Introduction |
Les recommandations nationales concernant la prévention des accès goutteux préconisent la mise en place d’un traitement de fond dès la 1re crise [1 ]. Du fait de l’épuration de l’acide urique par la dialyse, l’efficacité prophylactique d’un traitement de fond chez les hémodialysés a été peu étudiée [2 ]. L’objectif de cette étude est d’analyser la survenue des accès goutteux durant les 5 années suivant l’initiation de l’hémodialyse chez des patients goutteux connus avec et sans traitement hypo-uricémiant.
Patients et méthodes |
Nous avons réalisé une analyse rétrospective multicentrique des patients goutteux ayant débuté l’hémodialyse entre 2005 et 2015 au sein de 2 structures médicales de dialyse. Nous avons recueilli, à partir des dossiers médicaux, les données démographiques, cliniques, biologiques et thérapeutiques à l’initiation de la dialyse et durant les 5 années suivantes. L’efficacité de la dialyse était évaluée pendant la période par le taux d’URR (Urea Reduction Ratio)>60 %. L’ensemble des analyses statistiques ont été réalisées par le logiciel SAS 9.4. L’analyse de survenue des accès goutteux a été faite par des courbes de survie de Kaplan-Meier et la comparaison des courbes grâce à un test du Log Rank.
Résultats |
Cent quatre-vingt-un patients ont été inclus, 97/181 (53,6 %) étaient sous traitement hypo-uricémiant à l’initiation : 88/97 (91 %) sous Allopurinol et 9/97 (9 %) sous Fébuxostat. La durée moyenne de traitement était de 794jours (±583). L’âge moyen à l’initiation était de 68 ans (±12), la population était en majorité masculine avec un sexe-ratio à 2,7. La prise de traitement hypo-uricémiant à l’initiation de l’hémodialyse était significativement associée au sexe masculin (81,6 % vs 63,1 %, p=0,005), à un IMC plus élevé (27,87±6,30 vs 25,24±5,48, p=0,005) et à une coprescription d’ARA2 (31,6 % vs 13,4 %, p=0,004). Le reste des caractéristiques était comparable dans les 2 populations. La durée moyenne de suivi était de 3,3 ans (±1,6) et était comparable dans les 2 groupes (p=0,057), ainsi que les taux d’URR>60 % (p=0,457). Soixante-quatre patients/181 (35,4 %) ont présenté au moins un accès goutteux dans les 5 ans suivant l’initiation de l’hémodialyse : 22,7 % des patients sous traitement et 50 % des patients non traités. La prise de traitement hypo-uricémiant en association à l’hémodialyse était un facteur protecteur de la survenue d’une crise de goutte pendant la durée du suivi de notre population (HR : 0,29, IC 95 % [0,14–0,57]). La proportion de valeurs d’uricémie<360μmol/L était significativement plus élevée chez les patients sous traitement (p=0,0001).
Conclusion |
Ainsi, l’association d’un traitement hypo-uricémiant à l’hémodialyse est un facteur protecteur significatif de la survenue d’accès goutteux par rapport à l’hemodialyse seule chez les patients insuffisants rénaux. Afin de conforter nos résultats et de mieux évaluer l’impact des traitements hypo-uricémiants sur les évènements cardiovasculaires dans cette population, des études prospectives avec de plus grands effectifs seraient nécessaires.
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Vol 89 - N° S1
P. A31 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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