Association entre la sarcopénie et le risque de fracture, dans une population d’âge moyen issue de la cohorte de la UK Biobank - 18/12/22
Résumé |
Introduction |
L’augmentation du risque de fracture en cas de sarcopénie reste débattue [1 ], et les études publiées sont peu comparables, notamment du fait de l’utilisation de définitions variées de la sarcopénie. Notre objectif était d’évaluer si les statuts pré-sarcopénique et sarcopénique sont associés à une augmentation du risque de fracture.
Patients et méthodes |
Il s’agissait d’une étude rétrospective utilisant la cohorte de la UK Biobank, et les critères de l’European Working Group on Sarcopenia in Older People 2 (EWGSOP2) [2 ]. La force musculaire était mesurée par le grip test, et l’indice de masse musculaire squelettique (SMI) était calculé à partir des données de bio-impédance. La pré-sarcopénie était définie comme une force musculaire abaissée associée à un SMI normal, tandis que la sarcopénie était définie comme une force musculaire abaissée associée à un SMI abaissé. Ces deux statuts, regroupés ci-après sous le nom PreSarc, étaient évalués comme facteurs prédictifs de fracture, par rapport au statut non-sarcopénique (NonSarc). Les évènements fracturaires recueillis étaient les suivants : « toute localisation fracturaire compatible avec une fracture ostéoporotique » (ci-après nommé « fracture »), et « toute localisation fracturaire compatible avec une fracture majeure » (ci-après nommé « fracture majeure »). D’autres analyses en sous-groupes étaient réalisées, notamment chez les non-sarcopéniques ayant une valeur basse de SMI (en regard d’une force musculaire normale). Les associations étaient évaluées à l’aide de modèles à risques proportionnels de Cox, ajustés sur de nombreux facteurs de risque de sarcopénie et de fracture (dont les données socio-démographiques, un équivalent de la densité minérale osseuse par densitométrie, les antécédents de chute et de fracture). Les hazard ratios ajustés (HR) et leurs intervalles de confiance à 95 % sont rapportés.
Résultats |
Au total, 387 025 participants (54,4 % de femmes, âge médian de 58,0 (IQR : [51,0 ; 63,0] ans)) étaient inclus. L’étude dénombrait à l’inclusion 18 257 (4,7 %) participants pré-sarcopéniques et 1 124 (0,3 %) participants sarcopéniques. Au cours du suivi, d’une durée médiane de 12,0 (IQR : [11,4 ; 12,6]) ans, 18 300 (4,7 %) participants présentaient au moins un diagnostic de fracture incidente. Le groupe PreSarc était significativement associé à un risque augmenté de fracture (HR=1,23, [1,16 ; 1,30]), comparé au groupe NonSarc, et était également significativement associé à un risque accru de fracture majeure (HR=1,26 [1,17 ; 1,35]). En analysant séparément les participants pré-sarcopéniques et sarcopéniques, ces deux conditions étaient toujours associées à un risque accru de fractures, avec respectivement HR=1,23 [1,16 ; 1,30] et HR=1,22 [1,01 ; 1,47]. Une augmentation du risque de fractures était également constatée chez les participants NonSarc avec une valeur basse de SMI, par rapport aux NonSarc avec une valeur normale de SMI (HR=1,19, [1,10 ; 1,29]).
Conclusion |
Cette étude démontre que les patients pré-sarcopéniques et sarcopéniques présentent un risque modérément augmenté de fractures par rapport aux non-sarcopéniques. Ce risque est aussi modérément augmenté chez les non-sarcopéniques avec une faible valeur de SMI, par rapport aux non-sarcopéniques avec SMI normal. Cela fait discuter de l’intérêt d’une mesure systématique la masse musculaire chez tous les patients à risque de sarcopénie, y compris ceux ayant une force musculaire normale, ce qui n’est actuellement pas recommandé dans les directives de l’EWGSOP2.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 89 - N° S1
P. A22 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?