Colchicine ou Prednisone pour la crise à cristaux de pyrophosphate de calcium ? Résultats de l’Étude Randomisée Multicentrique COLCHICORT - 18/12/22

Résumé |
Introduction |
En l’absence d’essai clinique réalisé jusqu’ici sur le traitement de l’arthrite aigue à cristaux de pyrophosphate de calcium (PPC), celui-ci repose empiriquement sur la colchicine et/ou les corticoïdes. L’objectif de l’essai thérapeutique COLCHICORT était de tester l’équivalence de la colchicine et de la prednisone dans la crise à cristaux de PPC.
Patients et méthodes |
COLCHICORT était un essai multicentrique, randomisé, ouvert, incluant des patients>65 ans atteints d’arthrite aiguë à cristaux de PPC (< 36h d’évolution). La crise à cristaux de PPC était définie par la présence de cristaux de PPC sur l’analyse du liquide synovial ou par une présentation clinique typique associée à une chondrocalcinose en imagerie. Les participants ont été randomisés pour recevoir 1,5mg de colchicine à J0 puis 1mg à J1 ou prednisone 30mg à J0 et J1. Le critère de jugement principal était le changement en douleur par évaluation visuelle analogique (EVA, 0-100mm) à H24, avec une équivalence fixée à une différence entre groupes de moins de 13mm en analyse per-protocole (PP). Un échantillon de 56 patients par groupe étaient nécessaire pour démontrer l’équivalence avec une puissance de 80 %, un risque alpha de 5 %, 10 % de perdus de vue. Les critères secondaires incluaient le taux de répondeurs définis par une amélioration de l’EVA douleur > 50 % et/ou EVA<40mm à H24 et H48, et la survenue d’évènements indésirables (EIs).
Résultats |
Au total, 112 patients ont été randomisés, et n=48 dans le groupe colchicine and n=45 dans le groupe prednisone ont été analysés en PP. Sur les patients de l’analyse PP, l’âge moyen était de 86,1±7,2 ans, le sexe ratio F/H de 73.4 %, n=22 (23,6 %) étaient diabétiques, n=74 (79,6 %) étaient hypertendus, et le DFG était de 63,6ml/min/1,73m2 (± 20). Il s’agissait d’une crise inaugurale pour n=70 (75,3 %), n=38 (40,9 %) avaient une preuve microcristalline, et les crises affectaient principalement le genou (n=45 (48,4 %)), le poignet (n=19 (20,4 %)) et la cheville (n=12 (12,9 %)). L’évolution des douleurs à H24 était de −36,4mm (± 21,5) dans le groupe prednisone et -36,6mm (± 32,1) dans le groupe colchicine, soit une différence moyenne de 0,16mm et un intervalle de confiance à 95 % de [−10,89 ; 11,21], à l’intérieur de la marge d’équivalence. La proportion de répondeurs dans les groupes prednisone et colchicine étaient respectivement à H24 de 64,4 % et 64,6 % (p=1), et à H48 de 72,1 % et 63 % (p=0,49). L’évolution relative médiane de la CRP à H48 dans le groupe prednisone était de −41,5 % [−53 ; −3,9] et de −19,3 % [−52,3 ; 17,3] dans le groupe colchicine (p=0,38). Parmi les EIs survenant dans les 48 premières heures dans la population de sécurité (n=99), dans le groupe colchicine versus prednisone, n=9 (16,4 %) vs n=2 (3,7 %) ont présenté des diarrhées, n=1 (1,8 %) vs n=5 (9,3 %) une poussée hypertensive et n=0 (0 %) vs n=3 (5,6 %) une hyperglycémie. Un décès de cause inconnue est survenu à H24 dans le groupe prednisone.
Conclusion |
Cet essai randomisé démontre l’équivalence d’efficacité de la colchicine et de la prednisone orales dans le traitement de la crise articulaire à cristaux de PPC, avec 2/3 de répondeurs dès H24. Le profil de tolérance des deux traitements était satisfaisant malgré l’âge très avancé des participants.
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Vol 89 - N° S1
P. A19 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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