Les mesures de santé perçues par les patients (patients reported outcome=PRO) sont de plus en plus utilisées pour la prise en charge globale des rhumatismes inflammatoires chroniques. Néanmoins, il existe de nombreux questionnaires afin d’évaluer les différents champs clinique, psychique et fonctionnelle non réalisables en pratique courante de consultation de par leur caractère chronophage. Afin de pouvoir mieux personnaliser le suivi du patient, il semble nécessaire d’évaluer le retentissement de chaque rhumatisme inflammatoire spécifique sur les différents domaines clinique, fonctionnel et le retentissement sur la santé mentale. Aucune étude ne s’est intéressée à la comparaison de ces PRO en fonction du groupe de rhumatisme inflammatoire. Notre objectif était donc de comparer différents questionnaires entre les deux principaux groupes de rhumatisme inflammatoire chronique, la polyarthrite rhumatoïde (PR) et la spondylarthrite (SPA) et de définir les facteurs de risque associés à la dégradation des différentes fonctions évaluées.

Tous les patients suivis pour une PR ou SPA au CHU de Reims, en hôpital de jour ou en consultation entre le 8 juin 2022 et le 16 juillet 2022 ont bénéficié d’une évaluation des PRO par auto questionnaires validés dans le rhumatisme inflammatoire chronique. Les données cliniques, biologiques étaient colligées en parallèle. L’évaluation de la fatigue était réalisée par le score Functional Assessment of chronic illness therapy (FACI-T), la qualité du sommeil par le Pittsburgh sleep Quality index (PSQI), l’activité physique par le score international Physical Activity questionnaire (IPAQ), l’état émotionnel par l’Hospital anxiety and depression scale (HADS), le retentissement sur la vie sexuelle par Qualisex. Parmi les facteurs confondant, l’activité de la maladie, la ligne de traitement, la durée d’évolution ainsi que la précarité du patient étaient évaluées.

Cent-sept patients ont été inclus dans cette étude, 72 patients suivi pour une polyarthrite et 35 pour une spondyloarthrite ont accepté de participer à cette étude. Les patients suivis pour une polyarthrite étaient plus souvent des femmes (75 % vs 46 % p=0,004) et une tendance plus âgée (62,4±11,5 vs 45,6±10,6 p=0,061). Patient suivi pour une PR avec un score EPICES en faveur d’une précarité dans 48,6 % des cas contre seulement 20 % dans le groupe SPA (p=0,006).

Concernant l’évaluation fonctionnelle, les patients suivis pour une PR avait un HAQ significativement plus élevé que les patients suivis pour des SPA (médiane=1,25 [0,78–1,5] vs 0,25 [0–0,38] p<0,001). Il n’y avait pas de différence concernant la fatigue, la qualité du sommeil bien que 51 % dans le groupe SPA et 64 % dans le groupe PR soient considérés comme mauvais dormeur ; pas de différence sur les scores d’anxiété et de dépression. Il existait par contre une différence d’activité physique qui était plus faible dans le groupe PR (1421 MET vs 4949 MET).

L’évaluation de l’état de santé des patients par les PRO dans les rhumatismes inflammatoire est important avec des différences en fonction du rhumatisme. Le pronostic fonctionnel semble plus altéré dans la polyarthrite rhumatoïde avec une sédentarité plus importante dans ce sous-groupe.