Environnement hyperosmolaire et cellules épithéliales salivaires : impact sur le remodelage de la matrice extracellulaire et l’infiltration lymphocytaire au cours du syndrome de Sjögren - 18/12/22

Résumé |
Introduction |
La diminution du flux salivaire est l’un des principaux symptômes du syndrome de Sjögren primitif (SSp), exposant les cellules des glandes salivaires à une hyperosmolarité chronique. Les cellules épithéliales salivaires (CES) participent à l’hyperactivation du système immunitaire. Le but de ce travail était de déterminer les liens entre hyperosmolarité salivaire, modifications transcriptomiques des CES et infiltration lymphocytaire au cours du SSp.
Patients et méthodes |
Les cellules NS-SV-AC ont été stimulées par des milieux hyperosmolaires : NaCl (100mM), sucrose (200mM) ou un milieu iso-osmolaire (Iso). Une analyse en RNAseq a comparé les conditions NaCl à Iso et Sucrose à Iso.
L’analyse RNAseq de CES provenant de cultures primaires de patient SSp (n=5) et de sujets contrôles (n=5) a été effectuée. Des RT-qPCR de confirmation ont été réalisées (20 témoins, 19 SSp). L’analyse d’enrichissement fonctionnel a été réalisée à l’aide du logiciel Ingenuity Pathway Analysis (IPA) sur l’ensemble des gènes modulés.
Résultats |
L’analyse RNAseq comparant les stimulations hyperosmolaires à Iso des NS-SV-AC a identifié 1035 gènes surexprimés et 341 gènes sous-exprimés. Parmi les 150 gènes les plus surexprimés, il y avait des gènes IFN-induits (MX1, IFIT2). L’analyse d’enrichissement fonctionnel (IPA) a notamment mis en évidence des voies de fibrose. Il existait aussi une activation des voies de signalisation Notch et de réponse inflammatoire (David Pathway Analysis). Enfin, une surexpression de gènes MMP (MMP1, MMP3, MMP13 et MMP25), suggérait une implication dans le remodelage de la matrice extracellulaire (MEC).
En parallèle, le RNAseq effectué sur les CES comparant SSp et contrôles a identifié 251 gènes surexprimés et 260 sous-exprimés. Il existait une surreprésentation d’une voie de signalisation impliquant les MMP (IPA). Des gènes du collagène et les gènes ADAMTS étaient parmi les gènes les plus surexprimés. L’expression inattendue de COL3A1 et COL1A2 dans les CES de SSp, suggérait l’hypothèse d’une transition épithélio-mésenchymateuse (EMT) des CES. L’analyse RNAseq des facteurs de transcription d’EMT a montré une surexpression de ZEB2 (log2FC=1,21, p=0,019) et une sous-expression de SNAI2 (SLUG) dans les CES de SSp vs contrôles. L’expression de MMP24 et ZEB2 était plus élevée dans les CES de SSp avec un Focus score (FS)≥1 vs<1 (p<0,05). De plus, il y avait une corrélation inverse entre l’expression de SLUG et le FS, et l’expression de COL3A1 était corrélée au FS. Enfin, l’expression d’ADAM12 était négativement corrélée avec le flux salivaire (r=−0,344, p=0,035).
Discussion |
L’hyperosmolarité salivaire entraîne la surexpression de gènes MMP et des voies de fibrose dans les cellules NS-SV-AC. La comparaison de CES de SSp vs contrôles montre une surexpression de gènes impliqués dans le remodelage de la MEC et la fibrose. Plusieurs gènes de l’EMT sont corrélés au FS, suggérant un lien entre un phénotype fibroblastique-like des CES et l’infiltrat lymphocytaire. Enfin, la corrélation inverse entre ADAM12 et le flux salivaire suggère de potentielles conséquences cliniques.
Conclusion |
Ces résultats suggèrent l’existence d’un cercle vicieux liant l’hyperosmolarité salivaire à la modification du phénotype des CES au cours du SSp, alors impliquées dans le remodelage de la MEC et l’infiltration lymphocytaire des glandes salivaires.
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Vol 89 - N° S1
P. A131 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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