Augmentation de la méthylation globale de l’ADN dans les cellules mononucléées circulantes des patients atteints de spondyloarthrite axiale - 18/12/22

Résumé |
Introduction |
L’épigénétique est définie par les différents processus conduisant à des modifications de l’ADN sans changement dans sa séquence. La méthylation de l’ADN est l’un des mécanismes jouant un rôle dans l’expression des gènes et leur régulation. Des modifications de la méthylation de l’ADN peuvent jouer un rôle dans les mécanismes d’autoréactivité cellulaire. Les mécanismes épigénétiques ont été peu étudiés dans les spondyloarthrites axiales (SpAax). Nous avons analysé la méthylation globale de l’ADN sur une large série de patients avec une SpAax.
Patients et méthodes |
Étude cas-témoins (NCT03092583). Étaient évalués des patients avec une SpAax radiographique (SpAax-r) ou non radiographique (SpAax-nr) (critères ASAS) et des sujets témoins sains (T). Tous les patients étaient naïfs de biothérapie et sous AINS. Les lymphocytes T (LT) CD4+ et les monocytes CD14+ étaient isolés du sang circulant avec extraction de l’ADN. La méthylation globale de l’ADN (5-mC) était déterminée en utilisant le kit MethylAmp global DNA (Epigentek) à partir de 150ng d’ADN total.
Résultats |
Cent quatre patients (59 SpAax-r : 45 H ; âge [moyenne±SD] : 47,1±15 ans ; durée évol : 15,2±13 ans ; B27 : 86,4 %) et 45 SpAax-nr : 21 H, âge : 39,6±13,2 ; durée évolution : 7±7,8 ; B27 : 65,1 %) et 79 T (51 H ; âge : 43,4±12,2) étaient évalués. Les SpA avaient une maladie active (BASDAI et ASDAS SpAax-r et SpAax-nr : 5,1±1,8 et 3,04±1,1 ; 5,04±1,1 et 2,8±1,0, respectivement). La méthylation globale de l’ADN dans les LT CD4+ était plus élevée dans le groupe SpA total comparativement aux T (1,45±3,6 vs 0,44±0,9 de 5-mC (p = 0,0092). De même, dans les monocytes, la méthylation était plus élevée chez les SpA comparativement aux T (1,94±2,3 vs 0,62±0,9 de 5-mC ; p = 0,0004). L’analyse par sous groupe de SpA montrait que la méthylation de l’ADN restait plus élevée chez les SpAax-r et SpAax-nr comparativement aux T (p<0,05 pour chaque comparaison). Le niveau de méthylation ne corrélait pas avec les marqueurs biologiques (VS, CRP) ou cliniques (BASDAI) d’activité, hormis avec l’indice ASDAS (corrélation avec la méthylation des LT CD4+ des patients du groupe SpAax total : r=0,18, p=0,08). Un antécédent d’uvéite était associé à une augmentation de la méthylation dans les monocytes (p = 0,017). Les patients avec un antécédent de tabagisme avaient une méthylation de l’ADN dans les monocytes plus importante que les non-fumeurs ou fumeurs actifs (p : 0,06). Pour un nombre limité de patients (n = 15) débutant un anti-TNFa, la méthylation de l’ADN diminuait dans les LT CD4+ et monocytes à 3 mois de traitement.
Conclusion |
Une hyperméthylation de l’ADN est observée dans les LT CD4+ et monocytes de patients avec une SpAax, aussi bien SpAax-r que SpAax-nr. Ces modifications de méthylation peuvent entraîner des altérations dans le recrutement des protéines de liaison aux motifs méthylés (MBP : methyl binding protein) qui régulent l’accès à la chromatine et peuvent limiter la fixation des facteurs de transcription, avec comme conséquence une régulation négative de l’expression des gènes jouant un rôle dans la physiopathologie des SpA. Nous évaluons actuellement le niveau d’expression des MBP et de la DNA methyltransferase ainsi que le statut méthylé de gènes impliqués dans les SpA, comme le promoteur du TNF.
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Vol 89 - N° S1
P. A121 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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