La concentration sérique de métaux dépend du sexe et est associée à la survenue de fractures : résultats de la cohorte METOSTEO - 18/12/22

Résumé |
Introduction |
Le rôle des métaux dans la survenue de l’ostéoporose a souvent été évoqué avec des résultats contradictoires. Notre but était de déterminer s’il existait une association potentielle entre certains métaux, évalués au niveau plasmatique, et la survenue de fractures dans le but, à terme, d’en faire un marqueur du risque fracturaire.
Patients et méthodes |
Nous avons réalisé une étude monocentrique prospective (CHU de Rennes). Deux groupes ont été comparés : un groupe de patients présentant une fracture ostéoporotique sévère (OF) et un groupe témoin avec des sujets ayant une densité minérale osseuse pathologique sans fracture (T-score<−2,5 DS à un site) (OD). Les données démographiques (sexe, âge, indice de masse corporelle (IMC)), les facteurs de risque d’ostéoporose et les facteurs de risque de chute ont été recueillis ainsi qu’un, bilan biologique à visée phosphocalcique. La concentration plasmatique de métaux d’intérêt (fer (56Fe), cuivre (63Cu), zinc (66Zn), sélénium (78Se), strontium (88Sr), molybdène (96Mo), manganèse (55Mn), cobalt (59Co), cadmium (111Cd), plomb (208Pb) et aluminium (27Al) a été évaluée par ICP-MS. Chaque patient a bénéficié d’une mesure de densité minérale osseuse, sur la même machine (Hologic Horizon W).
Résultats |
Entre janvier 2021 et août 2022, 172 patients ont été inclus, 116 dans le groupe OF et 56 dans le groupe OD. Les patients fracturés étaient significativement plus âgés (67,1±12,9 vs 77,6±10,7 ans pour OD et OF, p<0,001). Il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes pour le genre (80 % de femmes pour OD contre 72 % pour OF), la calcémie, la phosphatémie, la 25OH vitamine D et la parathormone. Considérant la population globale, la ferritine était significativement augmentée dans le groupe OF par rapport au groupe OD (171,1±185 vs 282,3±282ng/ml (p<0,01)), cette différence étant liée à la population féminine. Concernant les métaux, chez la femme, les concentrations plasmatiques de fer sérique et le sélénium étaient significativement diminuées dans le groupe OF (p<0,05). Chez l’homme, celle de sélénium était aussi diminuée dans le groupe OF (p<0,05), alors que celles d’aluminium et de cadmium étaient augmentées (p<0,05). Chez l’homme, les concentrations plasmatiques de cadmium et d’aluminium étaient corrélées au risque de fracture (rho=+0,492, p<0,05 et rho=+0,460, p<0,05). Chez la femme, la ferritinémie était corrélée au risque de fracture (rho=+0,221, p<0,05). Dans les deux sexes, la concentration sérique de sélénium était négativement corrélée au risque fracturaire (rho=−0,199, p<0,05 chez la femme et rho=−0,368, p<0,05 chez l’homme).
Discussion |
Il a déjà été rapporté dans une grande cohorte coréenne que l’augmentation de la ferritine dans le quartile supérieur de la normale était associée à une augmentation du risque fracturaire chez les femmes ménopausées. Nos résultats confirment cette association. Le lien entre sélénium et qualité osseuse a été étudié avec des résultats contradictoires, dans notre étude, sa diminution semble en lien avec un risque de fracture quel que soit le sexe. Pour l’aluminium, son impact sur la qualité osseuse avait surtout été étudié chez les patients dialysés, mais son augmentation dans notre étude semble aussi associée à une augmentation du risque de fracture chez l’homme uniquement.
Conclusion |
L’augmentation de la ferritine chez la femme, du cadmium et de l’aluminium chez l’homme semble associée au risque de fracture ostéoporotique. La diminution du sélénium sérique semble être un déterminant du risque de fracture dans les deux sexes.
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Vol 89 - N° S1
P. A109 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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