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Femmes et usage de substances - 11/12/22

Doi : 10.1016/j.therap.2022.10.022 
Julie Hérédia , Lauriane Charuel, Anne Batisse, Leila Chaouachi
 CEIP-Addictovigilance de Paris, hôpital Fernand-Widal, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, 75000 Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Féminités et masculinités, forment des normes sociales pesantes qui entraînent des différences en termes d’accès au soin. L’usage de substances des femmes reste un tabou dans notre société. Si les questions relatives à la santé des femmes sont à l’agenda politique français depuis longtemps, les actions conduites ont surtout ciblé leur santé reproductive. Le CEIP-A de Paris souhaite souligner les particularités des usages de substances chez la femme.

Matériel et méthodes

Une analyse des données du centre d’addictovigilance de Paris notifications spontanées (NotS), enquête OPPIDUM (observatoire des produits psychotropes illicites ou détournés de leur utilisation médicamenteuse) a été réalisée du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2020 sur les régions Île-de-France et Centre-Val de Loire.

Résultats

Les femmes sont minoritaires dans les notifications d’addictovigilance (25 % ; 119/525) et présentent dans la moitié des cas, un usage problématique de médicaments psychoactifs : benzodiazépines (28,6 %), antalgiques opiacés (26,1 %). La prescription médicale est le principal mode d’obtention retrouvé (55,8 % versus 25,8 % chez l’homme) contrairement aux hommes, d’avantage concernés par le deal de rue (59,7 % versus 32,7 % chez la femme). Les comorbidités psychiatriques et douloureuses sont retrouvées respectivement dans 23,3 % et 6,3 % des cas d’addictovigilance avec une sur-représentation de la femme dans les deux cas (43,6 % et 76 %). L’enquête OPPIDUM décrit plus spécifiquement les usagers pris en charge dans les structures addictologiques : les femmes y sont encore plus minoritaires (20 % ; 182/947). Cette différence de prévalence entre OPPIDUM et NOTS souligne la stigmatisation des femmes usagères de substances : une double stigmatisation (par elles-mêmes et par les soignants). OPPIDUM confirme la place prépondérante des médicaments chez la femme (1/3 versus 3/20 chez les hommes). Benzodiazépines et opiacés (faibles et forts) arrivent en 4e et 5e position des premiers produits ayant entraîné une dépendance en miroir des comorbidités. La question de la vulnérabilité des femmes est à soulever : sur-diagnostic psychiatrique ?, sur-prescription médicamenteuse ?, trouble d’usage de substances chez les femmes douloureuses ?, stigmatisation de la part des soignants ?, les femmes sont-elles réellement plus vulnérables ou différemment vulnérables ? … La nécessité d’une prise en charge globale avec une évaluation de l’ensemble des comorbidités pour des soins personnalisés semble d’intérêt : soigner différemment pour plus d’équité. Des accueils dédiés aux femmes et à la problématique féminine en plus des structures mixtes existantes semble une piste à explorer.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Genre, Addiction


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Vol 77 - N° 6

P. 764-765 - novembre 2022 Retour au numéro
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