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Utilisation des médecines alternatives et complémentaires au cours des maladies auto-immunes - 07/12/22

Doi : 10.1016/j.revmed.2022.10.036 
F. Couillard, S. Parreau , N. Ratti, N. Aslanbekova, R. Foré, E. Desvaux, S. Dumonteil, H. Bezanahary, S. Palat, E. Liozon, K.H. Ly, A.L. Fauchais, G. Gondran
 Médecine interne, hôpital Dupuytren, Limoges 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les médecines alternatives et complémentaires (MAC) évoluent en parallèle d’une médecine dite conventionnelle, soumise à une validation scientifique. Les maladies auto-immunes (MAI) sont responsables d’atteintes multiples, fonctionnelles et organiques et les traitements médicamenteux sont parfois insuffisants sur les plaintes subjectives (fatigue, douleurs) sources d’une altération de la qualité de vie. Ces patients, plus enclin au spirituel et plus souvent anxieux et/ou dépressifs, réunissent des conditions favorables à l’utilisation de MAC. Mais si certaines sont admises pour leurs bienfaits, d’autres pourraient être à risques d’erreurs diagnostiques et thérapeutiques. Il manque par ailleurs d’études d’efficacité validées scientifiquement ou de données de vie réelle. L’objectif de cette étude était d’évaluer la prévalence d’utilisation des MAC chez des patients suivis pour une MAI et de décrire ces pratiques, les caractéristiques des patients et les facteurs d’association.

Patients et méthodes

Cette étude observationnelle prospective a été réalisée dans un service de médecine interne entre 2019 et 2021. Les patients suivis pour un lupus érythémateux systémique (LES), un syndrome de Sjögren primitif (SSp), ou une sclérodermie systémique (SS) ont été inclus. Les données étaient recueillies à l’aide d’un questionnaire rempli par le médecin et le patient, qui évaluait les caractéristiques sociodémographiques et de la maladie, la pratique ou non de MAC et en cas de réponse positive les modalités d’utilisation et leur efficacité à l’aide de scores de qualité de vie.

Résultats

Cent vingt et un patients ont été inclus (LES n=47, SSp n=31, SS n=43), composés majoritairement de femmes (87 %), avec un âge moyen de 56 ans (±14 ans), d’origine occidentale (88 %), vivant en milieu rural (67 %). Trente-cinq pour cent des patients étaient sous corticothérapie, 26 % sous immunosuppresseurs/biothérapies, 37 % sous psychotropes et 62 % sous antalgiques de paliers I à III. Le score de qualité de vie SF-36 était de 42/100 en moyenne et le score HAD montraient la présence d’anxiété mais pas de dépression (moyenne respectivement à 8,5 et 6).

La prévalence d’utilisation des MAC était de 55 % dans la population étudiée (LES 53 %, SSp 61 %, SS 53 %). On comptabilisait au total 186 pratiques de MAC. Les patients recouraient principalement à des pratiques encadrées comme l’ostéopathie (22 %), l’homéopathie (9 %), et l’acupuncture (7 %) mais également des traditions locales (guérisseurs, magnétiseurs) (11 %), des techniques de relaxation (sophrologie, méditation, hypnothérapie) (13 %), relation corps-esprit (qi-gong, yoga, shiatsu) (9 %), et de manipulation (réflexologie, massothérapie, chiropraxie, étiopathie) (8 %), l’usage de plantes et remèdes naturels (balnéothérapie, naturopathie, aromathérapie, phytothérapie, luminothérapie) (10 %), ou des médecines orientales (3 %). Les MAC étaient pratiquées régulièrement, plusieurs fois par semaine (16 %) ou par mois (14 %) depuis plus d’un an dans 39 % des cas.

L’intérêt de recours aux MAC était de lutter contre la douleur (61 %) et la fatigue (34 %), rechercher le bien-être (41 %), éviter des traitements supplémentaires (61 %) voire de rejeter la médecine conventionnelle (47 %). Elles étaient rarement proposées par un médecin (17 %). Les patients rapportaient une amélioration physique et/ou mentale dans 65 % des cas.

En analyse univariée, la pratique des MAC n’était statistiquement pas associée à l’âge, le sexe, le milieu de vie, la profession, les traitements ou les scores d’anxiété et dépression. Les patients sous traitement antidépresseurs pratiquaient statistiquement plus de MAC. En analyse multivariée, les variables prédictives d’utilisation de MAC étaient l’origine occidentale, un score SF-36 physique bas et une durée d’évolution longue de la maladie (respectivement p=0,01, p=0,03, p=0,06).

Conclusion

Il s’agit de la première étude faisant un état des lieux descriptif de l’utilisation des MAC dans un groupe de patients atteints de connectivites. Les résultats mettent en évidence l’étendue de ces pratiques, permettent de cibler les populations d’intérêt et leurs besoins, et d’attester que des études prospectives à plus grande échelle semblent nécessaires. L’enjeu actuel est d’enrichir la médecine conventionnelle de pratiques alternatives et complémentaires efficaces et sécurisées, à l’aide de programmes individuels et collectifs afin de tendre vers une médecine intégrative.

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Vol 43 - N° S2

P. A340-A341 - décembre 2022 Retour au numéro
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