Efficacité de l’anakinra dans la polysérite réfractaire : étude multicentrique italienne - 30/11/22
Highlights |
• | La polysérite est une affection clinique relativement courante, souvent liée à différentes maladies rhumatismales, notamment auto-immunes et auto-inflammatoires. |
• | Le dérèglement de la réponse immunitaire adaptative ou innée et des milieux tissulaires/organiques non identifiés peuvent favoriser l’activation de l’un ou l’autre système immunitaire, aboutissant à une polysérite. |
• | Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la colchicine et les glucocorticoïdes peuvent se montrer efficaces sur la polysérite, mais les rechutes sont fréquentes lors de la diminution ou de l’arrêt de ces traitements. |
• | L’antagoniste du récepteur de l’interleukine (IL)-1 anakinra peut constituer une option thérapeutique utile dans la polysérite réfractaire, suggérant que l’activation du système immunitaire inné pourrait jouer un rôle prédominant dans cette affection, quelle que soit la maladie sous-jacente. |
Résumé |
Objectifs |
La polysérite est une affection inflammatoire touchant simultanément plusieurs membranes séreuses, à savoir le péricarde, la plèvre et le péritoine, avec un épanchement dans les cavités respectives. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), la colchicine et les glucocorticoïdes peuvent se montrer efficaces sur la polysérite, mais les rechutes sont fréquentes lors de la diminution ou de l’arrêt de ces traitements. L’antagoniste du récepteur de l’interleukine (IL)-1 anakinra a présenté un effet bénéfique dans la péricardite récurrente idiopathique, principalement chez des patients non répondeurs ayant développé une dépendance aux corticoïdes et/ou une résistance à la colchicine. Il n’existe à ce jour aucune donnée en faveur d’une thérapie optimale pour gérer les épisodes aigus et/ou les rechutes de polysérite. Nous avons donc réalisé une étude rétrospective visant à évaluer le profil d’efficacité et de sécurité de l’anakinra dans la polysérite réfractaire.
Méthodes |
Des patients présentant une polysérite idiopathique ou une maladie rhumatismale avec inflammation d’au moins deux membranes séreuses ont été inclus. La sérite devait être confirmée par des examens d’imagerie tels qu’échocardiographie, échographie abdominale, tomodensitométrie thoracique ou abdominale et/ou radiographie thoracique. Nous avons inclus des patients atteints de polysérite ayant débuté un traitement par anakinra entre janvier 2011 et janvier 2019 pour résoudre un contrôle insuffisant de la maladie par AINS ou immunosuppresseurs ou pour réduire les corticoïdes oraux. Les résultats de vitesse de sédimentation (VS), de protéine réactive C (CRP) et d’imagerie ont été consignés pour surveiller la sérite à l’inclusion, puis à 3, 6 ou 12 mois. Les patients présentant un cancer ou une maladie infectieuse ont été exclus de l’analyse.
Résultats |
Quarante-cinq patients (23 femmes) atteints de polysérite (âge moyen 43,2±15,8 ans, durée moyenne de la maladie 23,1±28 ans) ont été analysés. La polysérite était idiopathique chez 26 patients (57,8 %). Treize patients présentaient une maladie auto-inflammatoire et six, une maladie auto-immune. À l’instauration de l’anakinra, 38 (84,4 %) et 37 (82,2 %) patients sur 45 recevaient un traitement combiné avec de la colchicine et des AINS, respectivement. Après la mise en place du traitement par anakinra, une résolution de la sérite a été observée chez 84,5 % des patients, avec une diminution spectaculaire de la VS et de la CRP (p<0,001 pour les deux valeurs) dès trois mois, cet effet bénéfique perdurant jusqu’à 12 mois. Il n’y a pas eu de rechute à 3 mois et le nombre médian de rechutes à 6 et 12 mois était de 0 (intervalle interquartile 0-1). À 3 mois déjà, les glucocorticoïdes étaient arrêtés chez 22 patients sur 45 (48,9 %) (p<0,001). À 12 mois, 32 patients sur 37 (86,5 %) ne prenaient plus de corticoïdes. De même, la prise d’AINS était fortement réduite à 3 mois (7 patients sur 45 [15,6 %], p<0,001) et plus aucun patient n’en prenait à 12 mois. L’effet indésirable le plus fréquent était une poussée d’urticaire au site d’injection de l’anakinra, observée chez trois patients.
Conclusions |
L’anakinra s’est révélé un choix thérapeutique sûr et efficace pour les patients réfractaires à un traitement anti-inflammatoire optimal (AINS, colchicine et corticoïdes), entraînant une diminution conséquente des récidives, mais également de la prise de corticoïdes. L’efficacité de l’anakinra a été constatée dans les formes idiopathiques de la polysérite et lorsqu’il existait une maladie rhumatismale sous-jacente, ce qui suggère l’existence d’une voie pathogène commune conduisant à la sérite.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Polysérite, Immunité innée, Interleukine-1, Anakinra, Médecine personnalisée, Biotechnologies innovantes
Plan
☆ | Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article mais la référence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus. |
Vol 89 - N° 6
P. 570-577 - décembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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