Le nombre de nouveaux cas de cancers cutanés est en constante augmentation en France depuis ces vingt dernières années. Le rôle de l'exposition solaire explique en partie ce phénomène. Cela justifie la mise en place de campagnes de prévention et d'information pour modifier la conduite des individus vis-à-vis de l'exposition solaire. Pour qu'elles soient efficaces, il importe de savoir quels sont le niveau d'information et les attitudes actuels des individus vis-à-vis du soleil. Si plusieurs travaux ont été consacrés en France aux enfants, peu de données sont disponibles chez les adultes. Ce travail avait pour objectif de mieux cerner les connaissances, les attitudes et les comportements des adultes vis-à-vis du soleil.

Les données ont été recueillies lors d'un essai multicentrique randomisé de prévention et de diagnostic précoce des tumeurs cutanées réalisé dans 26 Centres d'Examens de Santé de 1998 à 2000. Des questionnaires standardisés ont été remis aux consultants pour évaluer leurs connaissances, leurs attitudes et leurs comportements vis-à-vis de l'exposition solaire. La population était composée de 41 143 adultes de plus de 30 ans consultant dans l'un des 26 Centres d'Examens de Santé. L'analyse des données a été réalisée avec les logiciels SAS v6.12 et STATA 7.0. Des régressions logistiques ont permis d'identifier les facteurs explicatifs des connaissances et des comportements. Toutes les analyses statistiques ont été considérées comme significatives pour un taux α ≪ 5 p. 100.

Au total 33 021 personnes ont rempli l'auto-questionnaire. Il s'agissait de 49 p. 100 de femmes et 51 p. 100 d'hommes d'âge moyen 50 ans. Sur le plan géographique, 25 p. 100 habitaient le nord-est, 16 p. 100 le nord-ouest, 25 p. 100 le sud-est et 34 p. 100 le sud-ouest. Les sujets déclaraient bronzer sans coup de soleil dans 30 p. 100 des cas, 2 p. 100 de la population étudiée avait eu de nombreuses brûlures solaires, généralement à l'âge adulte. Les risques liés aux coups de soleil étaient connus puisque 92 p. 100 des sujets savaient qu'ils augmentaient le risque de vieillissement cutané et 89 p. 100 qu'ils augmentaient le risque de cancer. Pour les produits solaires, les connaissances étaient moins bonnes puisque 42 p. 100 pensaient qu'ils étaient tous identiques et 53 p. 100 qu'ils permettaient de s'exposer plus longtemps. Ces connaissances étaient meilleures chez les sujets à peau très claire, chez ceux qui avaient des antécédents de coups de soleil importants, chez les femmes et chez les habitants des départements du nord de la France. À l'opposé, les connaissances diminuaient avec l'âge et elles étaient faibles après 60 ans. Sur le plan des comportements, les individus se protégeaient d'autant plus que leur peau était claire et qu'ils rougissaient sans bronzer. Les femmes déclaraient se protéger plus que les hommes, mais elles utilisaient moins de moyens photoprotecteurs (vêtements, chapeaux...) que les hommes mis à part les écrans solaires. Les sujets de plus de 60 ans se protégeaient plus que les sujets jeunes. Enfin des antécédents personnels cutanés augmentaient le comportement de protection et les gens du nord se protégeaient plus que ceux du sud.

Cette analyse menée sur un échantillon de 33 021 adultes de plus de 30 ans montre un bon niveau global de connaissances sur l'exposition solaire mais aussi des lacunes importantes sur l'intérêt et l'usage de photoprotecteurs externes et le rôle des moyens physiques de protection. Les attitudes varient en fonction du sexe, de l'âge et du phototype mais aussi selon les régions d'habitation. Malgré un bon niveau de connaissances, le comportement des adultes de plus de 30 ans reste encore mal adapté avec des différences selon l'âge, le sexe et la région qui doivent inciter à mieux cibler les messages de prévention en fonction des populations concernées.

The number of new skin cancers has constantly increased in France over the past two decades. The role of sun exposure can partly explain this phenomenon and justifies the development of information and prevention campaigns to change peoples' attitude towards sun bathing. To be effective, we need to know how much information and what attitudes the population currently has with regard to the sun. Although several studies in France have targeted children, little data is available regarding adults. This trial was aimed at pinpointing the knowledge, attitude and behavior of adults regarding sun exposure.

Data were collected during a randomized multicenter study on the prevention and early diagnosis of cutaneous tumors, conducted in 26 Health Centers from 1998 to 2000. Standardized questionnaires were handed to those consulting to assess their knowledge, attitudes and behavior towards sun bathing. The population was composed of 41 143 adults aged over 30, consulting one of the 26 Health Check-up units. Analysis of the data was made using SAS v 6.12 and STATA 7.0 software. Logistic regression identified the explicative factors of knowledge and behavior. All the statistical analyses were considered significant above a threshold of α ≪ 5%.

A total of 33 021 persons filled-in the self-questionnaire. Forty-nine percent were women and 51% were men, with a mean age of 50 years. Geographically, 25% lived in the North-East, 16% in the North-West, 25 p.cent in the South–East and 34% in the South-West. Thirty percent claimed that they tanned without burning and 2% of the population studied had often suffered from sun burn, generally when they were adult. The risks related to sun burn were known, because 92% knew that the sun increased the risk of skin aging and 89% knew that it increased the risk of skin cancer. Regarding sun screens, knowledge was not so good; 42% thought that all products were the same and 53% that they allowed one to sun bathe longer. This knowledge was better in those with fair skins, in those who had a history of sun burn, in women and in those who lived in the northern areas of France. Conversely, knowledge decreased with age and was limited in those aged over 60. Regarding behavior, those with fair skin and who reddened under the sun without tanning, protected themselves more. The women declared they protected themselves more than the men, but they used less sun protective measures (clothing, hats...), other than sun screens, than men. Subjects aged over 60 protected themselves more than younger subjects. Lastly, a personal cutaneous history increased protective behavior, and those from northern France protected themselves more than those from the South.

This analysis of 33 021 adults aged over 30 shows the good global knowledge of the consequences of sun bathing, but also the lack of knowledge on the interest of using external sun protection and the role of physical means of protection. Attitudes varied depending on gender, age and phototype and also depending on the area where they lived. Despite good knowledge, the most frequent behavior of adults aged over 30 is still not appropriate with differences depending on age, gender and area, which must prompt more appropriate targeting of prevention campaigns according to the populations concerned.