2Description des patients psychiatriques traités pour le VHC par agents antiviraux directs et impact du traitement : étude réalisée à partir des données du Système national des données de santé entre 2015-2019 - 05/11/22
Résumé |
Introduction |
L'arrivée en 2014 des agents antiviraux directs (AAD), efficaces à plus de 97 % pour le traitement de l'infection par le virus de l'hépatite C (VHC), a permis à la France de s'engager dans la voie de l’élimination du VHC pour 2025. Bien tolérés, contrairement aux anciens traitements à base d'interféron, les AAD ont été utilisés chez de nombreux patients atteints de troubles psychiatriques : la précédente étude présentée lors du colloque 2021 a montré à partir des données du Système national des données de santé (SNDS) que ces patients représentaient 27 % des patients traités en France entre 2015 et 2019 et étaient la sous-population majoritaire avec un facteur de risque pour le VHC. Cette nouvelle étude approfondit la caractérisation de cette sous-population psychiatrique et évalue l'impact du traitement par AAD sur les hospitalisations de ces patients après guérison du VHC.
Méthodes |
Cohorte constituée à partir des données du SNDS, incluant les patients adultes traités contre le VHC entre janvier 2015 et décembre 2019 et identifiés comme ayant des troubles psychiatriques à partir du diagnostic d'une affection de longue durée et/ou d'une hospitalisation et/ou de traitements d'intérêt. Des algorithmes ont été développés avec des cliniciens pour définir et décrire cinq sous-groupes au sein de cette population psychiatrique et l’(ex-)usage de drogue. L'analyse longitudinale se base sur les hospitalisations 12 mois avant et 12 mois après le traitement anti-VHC par AAD à partir de la base Médecine, Chirurgie, Obstétrique (MCO) et du recueil d'information médicalisé pour la psychiatrie (RIM-P).
Résultats |
Durant la période d’étude, 22 889 patients VHC ayant un trouble psychiatrique ont initié un traitement anti-VHC, dont 14 049 avec des troubles addictifs (61 %), 11 428 névrotiques (50 %), 5379 psychotiques (24 %) et 3012 autres troubles (13 %), de manière non exclusive. Selon les conceptions courantes, la présence de nombreux patients VHC+ parmi les patients avec un trouble psychiatrique serait liée à une consommation active ou ancienne de drogues. Or, 54 % des patients atteints de troubles psychiatriques, et en particulier 73 % et 60 % des patients névrotiques et psychotiques respectivement, ne sont pas identifiés dans le système de soin national comme étant des usagers de drogue (Fig. 1). En cas d'hospitalisation, 54 % des patients sont pris en charge en psychiatrie, et jusqu’à 80 % pour les patients ayant un trouble psychotique. Enfin, le traitement du VHC par AAD est associé, dans l'année suivant la fin du traitement, à une diminution significative 1) de 28 % du nombre de patients ayant eu au moins une hospitalisation toutes causes confondues que ce soit en psychiatrie ou en MCO, 2) du nombre moyen d'hospitalisation par patient à la fois en psychiatrie et en MCO.
Conclusion |
Cette étude met en évidence pour la première fois que la guérison de l'hépatite C, au sein de la population psychiatrique, est associée à une diminution des hospitalisations. Par ailleurs, parmi les nombreux patients atteints de troubles psychiatriques et traités pour le VHC, plus de la moitié ne sont pas identifiés comme (ex-) usagers de drogue. Des politiques ciblées en psychiatrie visant à améliorer le dépistage et la prise en charge des patients VHC+ au sein de la population psychiatrique sont ainsi nécessaires, d'autant plus dès lors qu'il existe un réel bénéfice d'une guérison du VHC sur leur pronostic global.
Déclaration de liens d'intérêts |
P. Rabiéga : Pas de conflit d'intérêt ; B. Rolland : Gilead, Abbvie et MSD ; N. Hallouche: a reçu des honoraires de conférencier de Gilead ; S. Pol a reçu des honoraires de consultant et de conférencier de Janssen, Gilead, MSD, Abbvie, Biotest, Shinogui, Viiv, LFB et des subventions de Bristol-Myers Squibb, Gilead, Roche et MSD ; F. Fouad: pas de conflit d'intérêt ; O. Lada, E. Benabadji : non applicable.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 70 - N° S4
P. S257 - novembre 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.