Motifs d'hospitalisation de l'érysipèle - 29/04/08
J. Jégou [1],
Y. Hansmann [2],
F. Chalot [3],
M. Roger [4],
B. Faivre [5],
F. Granel [6],
Y. Scrivener [7],
S. Cairey-Remonnay [8],
P. Bernard [1]
Voir les affiliationspages | 5 |
Iconographies | 2 |
Vidéos | 0 |
Autres | 0 |
Introduction |
L'enquête de pratique et l'étude prospective réalisées dans le cadre de la récente conférence de consensus « Érysipèle et fasciite nécrosante » ont montré que les médecins généralistes hospitalisaient entre 20 p. 100 et 50 p. 100 des érysipèles qu'ils observaient en ville. L'objectif de cette étude prospective et hospitalière était de préciser les motifs d'hospitalisation des malades admis pour érysipèle et de comparer les caractéristiques des malades hospitalisés par un médecin traitant et de ceux hospitalisés directement via les urgences.
Malades et méthodes |
L'étude prospective et multicentrique régionale (9 centres de la région Nord-Est, dont 6 services de dermatologie et 3 de médecine interne), a inclus sur une période de 8 mois tous les malades hospitalisés pour érysipèle. Les données cliniques étaient recueillies sur une fiche standardisée, remplie durant les 3 premiers jours d'hospitalisation en données anonymisées. Cette fiche colligeait en particulier : les caractéristiques démographiques et cliniques (localisation de l'érysipèle) ainsi que la provenance du malade (domicile, urgences, autre service), les motifs d'hospitalisation explicites (existence de signes de gravité locaux ou généraux, suspicion de phlébite, localisation à la face, âge > 60 ans, existence de maladies associées, absence d'amélioration après une antibiothérapie orale instaurée au domicile, existence de motifs socio-économiques ou hospitalisation de principe) enfin les différents antibiotiques prescrits. Les caractéristiques des deux groupes de malades séparés selon qu'ils étaient adressés ou non par un médecin traitant ont été comparées avec le test du Chi-2 et le test t de Student.
Résultats |
Cent quarante-cinq malades adultes (80 femmes et 65 hommes ; âge moyen 61 ± 20 ans) ont été inclus dans l'étude, dont 89 (61 p. 100) étaient adressés par un médecin de ville et 56 (39 p. 100) étaient venus directement au service des urgences. L'érysipèle siégeait au membre inférieur dans 128 cas (88 p. 100). Le nombre moyen de motifs d'hospitalisation par malade était de 2,2 ± 1,2. Le motif d'hospitalisation le plus fréquent était l'existence d'une maladie associée (diabète, obésité, immunodépression, alcoolisme) dans 77 cas (53 p. 100). L'âge moyen des malades hospitalisés par un médecin traitant était plus élevé que celui des malades venant directement aux urgences (68 ans versus 51 ans ; p < 0,001). De même, l'érysipèle était plus souvent localisé à la jambe chez les malades hospitalisés par leur médecin traitant (94 p. 100 versus 79 p. 100 ; p < 0,001). Le nombre moyen de motifs d'hospitalisation était significativement plus élevé pour les malades adressés par le médecin traitant (2,4 versus 1,7 ; p < 0,001). Parmi ceux-ci, seuls l'âge élevé et une suspicion de phlébite étaient plus fréquemment notés chez les malades hospitalisés par leur médecin traitant. L'antibiothérapie débutée en hospitalisation était la pénicilline G pour 67 malades (46 p. 100), la pristinamycine pour 28 malades (19 p. 100), et l'amoxicilline intraveineuse ou orale pour 9 malades (6 p. 100).
Commentaires |
Cette étude démontre l'existence de deux filières d'hospitalisation distinctes pour l'érysipèle. Les érysipèles hospitalisés par un médecin de ville concernent des malades plus âgés et sont plus souvent localisés au membre inférieur et « suspects » de phlébite. Elle montre aussi l'émergence d'une population de malades plus jeunes et peu médicalisés pour lesquels le médecin de ville est peu à peu remplacé par l'urgentiste de proximité. Néanmoins, le principal motif d'hospitalisation dans les 2 groupes est l'existence d'une co-morbidité.
Hospitalization criteria for erysipelas: prospective study in 145 cases. |
Introduction |
Two recent studies conducted in France among general practitioners have shown that they only hospitalized between 20 to 50 percent of patients with erysipelas seen in private practice. We therefore conducted a hospital-based, prospective study designed to determine the hospitalization criteria for erysipelas, since a number of patients are also hospitalized directly through the emergency department.
Patients and methods |
This prospective, hospital-based study, included patients hospitalized for clinical diagnosis of erysipelas in 9 centres in north-eastern France. Clinical data were recorded using a standard questionnaire filled-in during the first 72 hours of hospitalization. They included: demographic (name and first name initials, age, sex) and clinical (location of erysipelas) characteristics, as well as the origin of the patient (home, emergency department, other department), the reasons for hospitalization (severity of local or systemic signs, suspicion of deep vein thrombosis, location on the face, age over 60 years, associated diseases, absence of improvement after ambulatory treatment, socioeconomic reasons or on principle hospitalization). Patients hospitalized by (or without) a general practitioner were compared using Chi-2 and Student t tests.
Results |
One hundred forty-five adults (80 women and 65 men; mean age 61 ± 20 years) were included in the study: 89 patients (61 p. 100) were hospitalized by a general practitioner whereas 56 (39 percent) went directly to the emergency department. In 128/145 cases (88 p. 100), erysipelas was localized on the lower limbs. The mean number of reasons for hospitalization per patient was of 2.2 ± 1.2. The most frequent reason for hospitalization was an associated disease (diabetes, obesity, alcoholism, immunodeficiency), present in 77 cases (53 p. 100). Patients hospitalized through a general practitioner were older than those hospitalized directly through the emergency department (68 vs 51 years; p < 0.001). Patients hospitalized by a general practitioner more frequently had an erysipelas located on the lower limbs (94 p. 100 vs 79 p. 100; p < 0.001) and the mean number of reasons for hospitalization was greater (2.4 vs 1.7; p < 0.001), especially suspicion of deep vein thrombosis and elevated mean age. The treatment started during hospitalization was intravenous penicillin G in 67 cases (46 p. 100), oral pristinamycin in 28 cases (19 p. 100) and intravenous or oral amoxicillin in 9 cases (6 p. 100).
Comments |
This study demonstrates the existence of two distinct courses of hospitalization for erysipelas. Patients hospitalized by a general practitioner were older and their erysipelas more frequently located on the lower limbs and deep vein thrombosis was suspected. Our study also shows the emergence of a population of patients younger and without medical supervision, for whom the general practitioner is replaced by the emergency department of the local hospital. Nevertheless, the most frequent reason for hospitalization in both groups is the existence of an associated disease, possibly responsible for further complications.
Plan
© 2002 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 129 - N° 4
P. 375-379 - avril 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’achat d’article à l’unité est indisponible à l’heure actuelle.
Déjà abonné à cette revue ?