L'argyrisme, secondaire à une absorption prolongée (per os ou injectée), a le plus souvent une origine professionnelle ou médicamenteuse. Nous rapportons deux cas d'intoxication percutanée par la sulfadiazine argentique (Flammazine^®).

Une femme de 64 ans, hypertendue et diabétique était hospitalisée pour des ulcères veineux des membres inférieurs. Elle appliquait 100 g (2 tubes) de Flammazine^® (crème contenant 1 p. 100 de sulfadiazine argentique) par semaine depuis 1 an et demi. Le taux d'argent sérique était élevé à 38 µg/l (N < 0,5) avec pour conséquence une aggravation d'une insuffisance rénale chronique ancienne sans anomalie hépatique ni oculaire.

Une femme de 19 ans était traitée par Flammazine^® pour des brûlures thermiques du 2 ^e degré profond des membres inférieurs. Les examens biologiques hépatiques et rénaux étaient normaux mais le dosage de l'argentémie révélait un taux à 440 µg/l (N < 0,5 µg/l) avec une excrétion urinaire de l'argent à 12 µg/l (N = 0).

L'argent absorbé de façon prolongée entraîne une hyperpigmentation diffuse des téguments et des muqueuses, surtout du rein, du foie et de la rétine. La surveillance de l'argentémie est nécessaire lors d'un traitement par Flammazine^® chez les malades brûlés sur plus de 10 p. 100 de la surface corporelle. En effet, l'argent est rapidement absorbé à travers la peau brûlée. Ceci a pour conséquence des modifications des examens biologiques hépatiques et rénaux ainsi que des troubles neurologiques (coma). L'importance des anomalies biologiques n'est pas corrélée au taux d'argentémie. Le seuil d'excrétion urinaire de l'argent est atteint si le taux d'argent sérique est supérieur à 100 µg/l (N < 0,5 µg/l).

Le potentiel toxique de l'argent est une conséquence directe de l'application de sulfadiazine argentique sur des plaies étendues. Bien que la monographie Vidal^® ne mentionne pas le risque d'argyrisme, les précautions d'emploi de la Flammazine^® et les mises en garde méritent d'être appliquées. Lors d'une prescription prolongée, le dosage sérique et/ou urinaire d'argent est conseillé.

Argyria, induced by prolonged absorption, is often of professional or medical origin. We report two cases of per cutaneous intoxication with topical silver sulfadiazine

A 64 year-old hypertensive, diabetic woman presented bilateral venous ulcers on the legs. She had applied 100 g of silver sulfadiazine 1 p. 100 cream per week for the past 18 months. Silver concentration in blood high: 38 µg/l (N < 0.5) and led to renal dysfunction, without ocular or hepatic abnormality.

A 19 year-old woman was treated with topical silver sulfadiazine for thermic cutaneous burns on legs. Renal and hepatic function was normal but silver concentration in blood was high at 440 µg/l (N < 0) with urinary excretion of silver at 12 µg/l (N = 0).

Silver, from prolonged and excessive use of topical silver sulfadiazine, deposites in large amounts thoughout the body: skin, labial mucosa, gingiva, kidney, liver and cornea. Monitoring concentration of silver in blood and/or urine is necessary, especially in patients treated with silver sulfadiazine cream for cutaneous burns. Indeed, silver is rapidely absorbed through the burn wound. It provokes hepatic, renal and neurologic tissue toxicity. Renal and hepatic function tests are not correlated with serum silver levels.

The potential for silver toxicity is a direct consequence of applying silver sulfadiazine to extensive burn wounds. Hence monitoring concentrations of silver in blood and/or urine of patients receiving this treatment is recommended.