Les perceptions sensorielles de la peau sont complexes et difficiles à objectiver. La sensibilité cutanée aux étirements mécaniques est un domaine inexploré. Nous avons développé une méthode originale afin de quantifier ce paramètre physiologique.

L'étude a porté sur 24 volontaires âgés de 20 à 50 ans. Un Cutometer SEM 474 équipé de sondes de 2 et 4 mm de diamètre a été utilisé afin de soulever la peau des joues par une succion progressive ou instantanée. Le seuil de perception sensorielle de la traction cutanée a été déterminé chez chaque volontaire par les intensités de la force de succion et de la déformation cutanée exercées à cet instant.

Le seuil de détection pour une force de succion progressive était 1,5 fois plus bas avec la sonde de 4 mm qu'avec celle de 2 mm de diamètre. La succion nécessaire pour une détection liminaire était 7 fois plus basse lorsque la traction était d'installation rapide par rapport à la modalité progressive. Lorsque la déformation cutanée était mesurée pour le seuil sensoriel liminaire, cette valeur est apparue assez constante (C = 0,5 p. 100) pour chaque sujet. En revanche, une grande hétérogénéité interindividuelle était présente, sans rapport avec l'âge.

La sensibilité de la peau du visage à un étirement peut être explorée par une méthode précise de succion. Elle dépend davantage de la vitesse de traction que de l'étendue de la surface testée. L'importance de la déformation cutanée apparaît être le déterminant majeur et le seuil de sensibilité est assez constant pour chaque individu. Des mécanorécepteurs différents sont vraisemblablement mis à contribution par les deux modalités expérimentales utilisées dans cette étude. La méthode décrite dans ce travail trouve des applications en cosmétologie et dans les explorations fonctionnelles de diverses maladies comme le diabète, l'acromégalie et la dermatite atopique.

Cutaneous sensorial perception is complex and proves to be difficult to quantify. Skin sensitivity to mechanical distension is largely unexplored. We have developed an original method aimed at quantifiying these physiological parameters.

The study was performed on 24 adult volunteers aged 20 to 50 years. A Cutometer SEM 474 equipped with 2 and 4 mm diameter probes was used to exert a progressive or a steep suction on the cheeks. The intensities of both the suction and the skin deformation observed at the earliest moment the traction was perceived by the volunteers were recorded.

The liminar sensorial detection under progressive suction force was 1.5 times lower when using the 4 mm probe than the 2 mm probe. Suction necessary for liminar sensation was 7 times lower under steep suction than in response to the progressive mode. The skin deformation corresponding to the liminar sensorial perception was almost constant (C = 0.5 p. 100) for each subject. By contrast, a large inter individual heterogeneity unrelated to age was present.

Sensitivity of facial skin to stretching can be explored using a precise suction method. Perception is more related to the rate of traction than to the surface area submitted to suction. Cutaneous deformation, nearly constant for each individual, appears to be the main parameter. Steep and progressive suctions appear to stimulate distinct types of mechanoreceptors. The presently described method can be applied in cosmetology and in functional investigation of various diseases such as diabetes, acromegaly and atopic dermatitis among others.