Les statines sont l'une des classes thérapeutiques les plus utilisées chez les aînés. Il existe toutefois peu de données probantes chez les ≥ 75 ans, en particulier en prévention cardiovasculaire primaire. L’étude visait à brosser un portrait de l'usage des statines chez les personnes très âgées au Québec (Canada) entre 2008 et 2018.

À l'aide du Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec, nous avons identifié tous les aînés de ≥ 80 ans au 1^er avril 2013 vivant dans la communauté et couverts par l'assurance-médicaments publique entre le 1^er avril 2008 et le 1^er avril 2013. Nous avons analysé leurs réclamations de statines du 1^er avril 2008 au 31 mars 2018, ou jusqu'à la fin de leur admissibilité à l'assurance-médicaments (ex. transfert en soins de longue durée, décès). Nous avons utilisé des statistiques descriptives pour décrire les schémas d'usage des statines.

Les 278 996 individus inclus avaient en moyenne 84,8 ans et 63 % étaient des femmes. Environ la moitié utilisait une statine à l'entrée dans la cohorte (n=137 068 ; 49 %). Ces utilisateurs avaient en moyenne 84,2 ans, 57 % étaient des femmes, près de 70 % utilisaient le médicament en prévention primaire et 80 % utilisaient une statine depuis > 5 ans. Moins de la moitié d'entre eux (n=59 517 ; 43 %) ont cessé leur traitement dans les cinq années suivantes. Parmi les 141 928 personnes qui n'utilisaient pas de statine au 1^er avril 2013 (âge moyen 85,4 ans), 18 383 (13 %) avaient utilisé une statine dans les cinq années précédentes et 10 % (n=14 445) en ont commencé une dans les cinq années suivantes.

L'usage au long cours des statines est fréquent chez les personnes très âgées, notamment en prévention primaire. Les résultats suggèrent que la déprescription pourrait être mieux valorisée dans la pratique clinique.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.