Le phosphore est un élément hautement réactif, très largement répandu dans la nature sous forme de roches phosphatées, d'origine volcanique ou sédimentaire. Les phosphates sont des nutriments essentiels pour l'ensemble des êtres vivants : indispensables à l'énergétique cellulaire, ce sont des constituants des acides nucléiques, des phospholipides membranaires et de très nombreuses enzymes. Ce sont également des matières premières capitales dans l'industrie des engrais et des détergents. La pollution des eaux par les phosphates est la principale responsable des phénomènes d'eutrophisation des lacs, rivières et zones côtières. De graves brûlures par le phosphore blanc (phosphore élémentaire) sont toujours observées après explosion de bombes ou grenades incendiaires ; elles peuvent se compliquer d'une intoxication systémique. Les intoxications professionnelles décrites chez les ouvriers des usines d'allumettes du xix^e siècle n'ont pas qu'un intérêt historique, car les effets indésirables osseux induits par certains médicaments de la classe des bisphosphonates relèvent d'un mécanisme analogue. L'acide phosphorique est un acide fort, puissamment caustique pour les tissus avec lesquels il entre en contact, mais dépourvu de toxicité systémique. Les halogénures de phosphore provoquent des accidents respiratoires sévères, pouvant laisser persister une hyperréactivité bronchique durable et invalidante (syndrome de Brooks). La toxicité des phosphures métalliques se confond avec celle de l'hydrogène phosphoré ou phosphine qu'ils libèrent par hydrolyse. Exceptionnelle dans les pays développés mais fréquente en Inde et au Moyen-Orient, l'ingestion de phosphures provoque une intoxication gravissime marquée par un état de choc souvent réfractaire et par une incompétence myocardique, et dont la mortalité est très élevée. La phosphine est utilisée en fumigation pour la désinsectisation des denrées stockées sèches (céréales) et des locaux de stockage. En milieu professionnel, l'inhalation du gaz provoque surtout des manifestations respiratoires, pouvant aller jusqu'à l'œdème pulmonaire lésionnel. Des intoxications systémiques parfois mortelles surviennent encore sur les navires pratiquant la fumigation « en transit ». Aucun effet sanitaire à long terme de l'exposition à la phosphine à faible dose n'a été mis en évidence.