Évaluation des caractéristiques phénotypiques dans les histiocytoses des groupes L et R en fonction du statut mutationnel de BRAFV600E - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
Les histiocytoses forment un groupe hétérogène de pathologies caractérisées par la prolifération et l’accumulation de cellules dendritiques et macrophagiques au sein de tissus causant des dysfonctions d’organe très variables. Les histiocytoses sont classées en 5 groupes (selon des critères anatomopathologiques/moléculaires) avec un phénotype, une évolution et un pronostic différent. Parmi les 5 groupes, on distingue le groupe L regroupant les histiocytoses Langerhansiennes (LCH) et la maladie d’Erdheim–Chester (ECD) et le groupe R avec la maladie de Rosai–Dorfman (RDD) [1 ]. Il existe également des formes mixtes associant deux types d’histiocytoses différentes. L’essor du séquençage génétique a permis la découverte en 2010 [2 ] de la mutation de BRAFV600E, proto-oncogène déjà décrit dans d’autres cancers, lors des histiocytoses. Cette découverte a permis l’utilisation de thérapies ciblées. Nous avons étudié l’impact de la mutation BRAFV600 sur le phénotype et la survie d’une population d’adultes atteints d’histiocytoses des groupes L et R.
Patients et méthodes |
Nous avons étudié les caractéristiques de patients adultes suivis pour une histiocytose de type L ou R dans 2 CHU entre 1990 et 2020. Les atteintes multisystémiques ont été définies par une atteinte de plus de 2 organes. Les organes considérés à risque étaient le cœur, le système nerveux central, le foie, la rate et le système hématopoïétique [3 ]. La réponse métabolique était évaluée par 18FDG PET selon les critères PERCIST. Les dossiers et résultats anatomopathologiques de tous les patients ont été validés par un centre de référence.
Résultats |
Au total, 21 patients ont été inclus, 7 suivis pour une histiocytose Langerhansienne, 7 pour une maladie d’Ercheim–Chester, 4 pour une maladie de Rosai–Dorfmann et 3 pour une histiocytose mixte (LCH+ECD). Sur les 21 patients, 9 présentaient une mutation de BRAFV600E : 3/7 ECD, 4/7 LCH et 2/3 histiocytoses mixtes, aucun patient RDD n’avait de mutation de BRAF. L’âge au diagnostic, la répartition en fonction du sexe et le délai diagnostique étaient similaires entre les deux groupes. Les patients atteints d’histiocytose avec une mutation BRAFV600E présentaient plus d’atteintes systémiques (100 % vs 58 %, p=0,026) et plus d’atteintes d’organes à risque (88 % vs 42 %, p=0,027). Concernant les atteintes d’organes, les patients avec mutation BRAFV600E présentaient plus d’atteintes cardiaque (56 % vs 8 %, p=0,016), endocrinienne (56 % vs 8 %, p=0,016) et ophtalmologique/orbitaire (33 % vs 0 %, p=0,031). À l’inverse, il n’existait pas de différence concernant les atteintes osseuses, pulmonaires, digestives, rétropéritonéales ou neurologiques. Les patients avec mutation de BRAF V600E présentaient plus de syndromes myéloprolifératifs (44 % vs 0 %, p=0,011). Il n’existait pas de différence dans l’utilisation des traitements de première ligne en fonction du statut BRAF. Les patients avec mutation BRAF V600E obtenaient moins souvent une rémission métabolique complète (0 % vs 42 %, p=0,026) et la survie globale était impactée par la présence de la mutation BRAF V600E (p=0,045) en modèle de Kaplan–Meier.
Discussion |
Les patients atteints d’histiocytoses avec mutation de BRAFV600E présentent des maladies plus souvent systémiques ou avec atteinte d’organes à risque. Par ailleurs, la réponse au traitement semble moins bonne et le profil de survie péjoratif. Les complications infectieuses étaient responsables de 2 décès sur les 3 observés.
Conclusion |
La mutation BRAFV600E est corrélée à un phénotype plus agressif dans les histiocytoses de l’adulte. La découverte d’une mutation BRAFV600E impose un bilan complet par TEP-TDM et imagerie cérébrale pour ne pas méconnaître une atteinte d’organe à risque justifiant l’utilisation précoce d’une thérapie ciblée.
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Vol 43 - N° S1
P. A99 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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