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Efficacité et tolérance des biothérapies ciblant l’interleukine-5 pour le traitement des pneumopathies chroniques idiopathiques à éosinophiles réfractaires et/ou récidivantes - 16/06/22

Doi : 10.1016/j.revmed.2022.03.286 
Q. Delcros 1, , T. Camille 2, V. Alexandre 3, G. Marie 4, I. Frachon 5, J.-E. Kahn 6, G. Lefèvre 7, G. Moulis 8, Y. Uzunhan 9, V. Cottin 10, M. Groh 11
1 Médecine interne, hôpital Foch, Suresnes 
2 Pneumologie a, hôpital Bichat – Claude-Bernard, Paris 
3 Département de biostatistiques, hôpital Foch, Suresnes 
4 Médecine interne, hôpital Purpan, Toulouse 
5 Service de pneumologie, hôpital de La Cavale-Blanche, Brest 
6 Médecine interne, Ambroise-Paré Hospital, AP–HP, avenue Charles-de-Gaulle, Boulogne-Billancourt 
7 Institut d’immunologie, réseau éosinophile, ea2686, centre de biologie – pathologie, Lille 
8 Médecine interne, CHU, Toulouse 
9 Pneumologie, hôpital Avicenne, 125, rue de Stalingrad, Bobigny 
10 Pneumologie, hôpital Louis-Pradel, Bron 
11 Cereo, médecine interne, hôpital Foch, Suresnes 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La pneumopathie chronique idiopathique à éosinophiles (PCIE) est une maladie rare d’origine inconnue caractérisée par une symptomatologie respiratoire de présentation subaiguë ou chronique, des opacités alvéolaires pulmonaires (typiquement de topographie sous-pleurale) et d’une éosinophilie sanguine et/ou alvéolaire. Bien que la PCIE soit sensible à la corticothérapie, les rechutes sont fréquentes, conduisant dans près de 2/3 des cas à un traitement prolongé par corticoïdes.

Le mepolizumab et le benralizumab sont deux anticorps monoclonaux ciblant la voie de l’interleukine-5 dont l’efficacité clinique et d’épargne cortisonique est démontrée dans l’asthme de phénotype éosinophilique. Un trouble ventilatoire obstructif étant observé chez près de 80 % des patients présentant une PCIE, certains patients présentant un asthme éosinophilique dans le cadre d’une PCIE sont traités par ces biothérapies, mais les données disponibles dans la littérature sont pour l’heure limitées.

Patients et méthodes

Les patients âgés de 12 ans ou plus présentant une PCIE (définie par la présence d’une hyperéosinophilie sanguine>1000/mm3 et/ou respiratoire>25 % des cellules dans le lavage bronchoalvéolaire, d’opacités parenchymateuses radiologiques, en l’absence de diagnostic différentiel) traités par mepolizumab ou benralizumab pendant3 mois dans le cadre d’une maladie récidivante ou réfractaire (définie par une corticodépendance supérieure à 5mg/j d’équivalent prednisone dans la dernière année et/ou la survenue d’au moins deux exacerbations d’asthme ayant nécessité une corticothérapie orale dans les douze derniers mois et/ou la survenue d’au moins deux rechutes de PCIE sur les 24 derniers mois) ont été identifiés via le centre de référence des syndromes hyperéosinophiliques CEREO, le centre de référence des maladies pulmonaires rares OrphaLung, et le réseau national d’asthme sévère CRISALIS.

Résultats

Vingt-neuf patients ont été identifiés. Il s’agissait en majorité de femmes (62 %) avec un âge médian au diagnostic de PCIE de 42 ans. Avant mise sous anti-IL5 (mépolizumab : n=23 ; benralizumab, n=6), la médiane de durée d’évolution de la PCIE était de 7,8 ans, le nombre médian de poussées annuelles de PCIE ou d’exacerbation d’asthme nécessitant l’introduction ou la majoration d’une corticothérapie orale était de 1 (IIQ : 0,35–2), le rapport de Tiffeneau médian était de 0,72 (IIQ : 0,70–0,79) et le VEMS médian était de 80 % de la théorique (IIQ : 72,75–96). Les motifs d’introduction de la biothérapie étaient dans 69 % des cas un mauvais contrôle de l’asthme, dans 51 % des cas une mauvaise tolérance des corticoïdes, dans 21 % des cas un échec d’autres molécules d’épargne cortisonique (notamment omalizumab, hydroxycarbamide, azathioprine, cyclophosphamide, méthotrexate, interféron-alpha) et dans 3 % des cas une toxicité des molécules d’épargne cortisonique. Parmi les 25 (79 %) patients sous corticoïdes oraux au long cours, la dose quotidienne médiane était de 7,5mg/j (IIQ : 4–13,75) d’équivalent prednisone au moment de la mise sous biothérapie anti-IL5.

Après un suivi médian de 13 mois (IIQ : 6–24) après début du traitement par anti-IL-5/IL-5R, les numérations médianes d’éosinophiles étaient de 0/mm3 à 3 mois (p=0,008), de 0,175/mm3 à 6 mois (p=0,016), de 0,07/mm3 à 12 mois (p=0,094), et de 0/mm3 à 24 mois (p=0,017), sans différence entre les patients traités par mepolizumab et ceux traités par benralizumab (p=0,178). Les doses médianes quotidiennes d’équivalent prednisone étaient de 0mg à 6 mois (p=0,003), 0mg à 12 mois (p=0,004), 0mg à 24 mois (p=0,001), sans différence entre les patients traités par mepolizumab et ceux traités par benralizumab (p=0,917). Au total, 69 % des patients ont pu être sevrés de corticothérapie au cours du suivi. Le taux annuel médian d’exacerbation d’asthme ou de PCIE diminuait significativement après l’introduction des anti-IL-5 (1 vs 0 ; p<0,001).

S’agissant de la tolérance, 6 % des patients ont rapporté une réaction au point d’injection, 6 % un syndrome grippal post-injection, et 1 épisode de flutter auriculaire possiblement lié à l’injection. Aucun effet indésirable n’a mené à l’interruption du traitement.

Conclusion

Les anti-IL-5/IL-5R paraissent être à la fois sûrs et efficaces au cours de la PCIE, susceptibles de prévenir les rechutes de PCIE, tout en diminuant le recours à la corticothérapie orale de longue durée.

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Vol 43 - N° S1

P. A98 - juin 2022 Retour au numéro
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