Intervillites chroniques isolées, ou associées à des lésions de villites : issues de grossesse et thérapeutique - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
L’intervillite histiocytaire chronique (IHC) est une pathologie placentaire rare, mais avec un pronostic fœtal sombre. Elle est caractérisée par une infiltration massive par des monocytes CD68+ maternels au niveau de la chambre intervilleuse, et une inflammation locale d’importance variable. Ces lésions d’IHC peuvent s’associer à des lésions de villite. L’IHC affecte les échanges placentaires, aboutissant à des pertes fœtales précoces, des retards de croissance in utero, des naissances prématurées ou des morts fœtales. Il existe un risque important de récurrence pour les grossesses ultérieures. De nombreux traitements ont été proposés, cependant à ce jour aucun consensus n’a été établi.
Ce travail rapporte l’expérience de plusieurs centres français, en comparant les issues de grossesses des femmes présentant une IHC isolée à celles ayant une villite et une intervillite associées, et en étudiant les effets des différents traitements proposés.
Résultats |
Il s’agit d’une étude rétrospective conduite de 2000 à 2020 multicentrique, portant sur 239 grossesses concernant 52 patientes. Parmi elles, on comptait 12 % d’obésité, 18 % de consommation tabagique avant la grossesse et 35 % avaient une pathologie auto-immune sous-jacente ; 32 patientes avaient un diagnostic d’IHC isolée. L’âge médian au diagnostic était de 31 ans (IQR 29–35). Le nombre médian de grossesses antérieures était de 4 (IQR 2–5) chez les patientes présentant une IHC isolée, contre 1,5 (IQR 1–3) pour les patientes avec des lésions mixtes, pour une parité médiane à 0.
Les lésions d’IHC isolées étaient associées à un pronostic fœtal défavorable comparativement aux lésions mixtes (86 % de perte fœtale contre 25 %). La quasi-totalité des enfants nés vivants présentaient un retard de croissance que les lésions soient isolées ou mixtes. En cas d’IHC, tous les enfants étaient prématurés, contre 30 % en cas de lésions mixtes.
En prenant en compte les 239 grossesses, lorsque des lésions d’IHC étaient retrouvées pour au moins une grossesse, le pronostic des autres grossesses était sombre avec un taux de perte fœtale de 73 % contre 37,2 % en cas de lésions mixtes.
Des traitements étaient proposés pour 83 grossesses ; une histologie placentaire était disponible pour 74 grossesses.
Les traitements pouvaient comprendre de l’aspirine, une HBPM préventive, de l’hydroxychloroquine, des corticoïdes, des perfusions d’intralipides, de la progestérone et des anti-TNF. Ils pouvaient être administrés en monothérapie ou en association.
Le taux de perte fœtale était de 62,8 % en l’absence de traitement contre 72,3 % en cas de traitement.
Un traitement par aspirine et/ou HBPM et/ou progestérone était proposé pour 38 grossesses (groupe 1) ; le taux de perte fœtale était de 73,7 %.
Une corticothérapie en association avec aspirine et/ou HBPM et/ou progestérone était proposée pour 13 grossesses (groupe 2) ; le taux de perte fœtale était de 62 %.
De l’hydroxychloroquine en association avec aspirine et/ou HBPM et/ou progestérone était proposée pour 5 grossesses (groupe 3) ; le taux de perte fœtale était de 20 %.
Une bithérapie par corticoïde et hydroxychloroquine en association avec aspirine et/ou HBPM et/ou progestérone était proposée pour 23 grossesses (groupe 4) ; le taux de perte fœtale était de 91,3 %.
Enfin, des anti-TNF en association avec aspirine et/ou HBPM et/ou progestérone était proposés pour 4 grossesses (groupe 5) ; le taux de perte fœtale était de 25 %.
Les faibles effectifs des groupes 3 et 5 empêchent de conclure à l’efficacité des traitements.
Conclusion |
Ce travail rétrospectif confirme le pronostic défavorable des grossesses lorsque le diagnostic d’IHC a été porté. Le taux de récidive est élevé d’une grossesse à l’autre. Les thérapeutiques traditionnelles semblent inefficaces pour prévenir le risque de récidive lors des grossesses ultérieures. Les anti-TNF pourraient être une option thérapeutique, cependant le faible effectif ne permet pas de conclure à l’efficacité du traitement.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 43 - N° S1
P. A90 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?