Tocilizumab, corticothérapie et risque iatrogène chez des patients atteints d’une artérite à cellules géantes : comment identifier les patients à risque en « vraie-vie » ? - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
L’artérite à cellules géantes (ACG), ciblant des patients âgés, est associée à une incidence accrue d’évènements cardiovasculaires (ECV) ou infectieux, potentiellement graves à l’origine d’une importante morbi-mortalité. Les données de la littérature étudiant l’influence respective des caractéristiques basales des patients, de la forme clinique d’ACG et des thérapeutiques sur la survenue de ces évènements sévères sont limitées. Le but de cette étude était de décrire, en situation de « vraie-vie », les évènements sévères survenant au décours du diagnostic d’ACG, ainsi que leurs éventuels facteurs prédictifs.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective monocentrique de patients atteints d’ACG, avec un suivi d’au moins six mois. Recueil des caractéristiques basales (incluant les facteurs de risque cardiovasculaires, et les caractéristiques de la maladie). Recueil des évènements sévères (maladies cardiovasculaires, infections, fractures ostéoporotiques, mortalité) et des stratégies thérapeutiques engagées (dose cumulée de glucocorticoïdes [GC], exposition majeure aux GC [>10g de dose cumulée], recours au tocilizumab [TCZ]). Analyse de survie pour étude de facteurs prédictifs de survenue des évènements graves, avec intégration des expositions thérapeutiques en variables dépendantes du temps.
Résultats |
Soixante-dix-sept patients inclus (âge médian de 72,2±9,8 ans), dont 62 % de femmes, 26 % en surpoids (IMC≥25kg/m2) et 12 % diabétiques. Cinquante patients ont eu une biopsie d’artère temporale (BAT), celle-ci était positive dans 68 % des cas. Les patients avec une BAT positive étaient comparables à ceux avec une BAT négative sauf pour l’âge (76 ans vs 68 ans, p=0,006), et le taux de CRP (88 vs 168mg/L, p=0,005). La dose cumulée moyenne de GC était de 7977±4585mg ; 18 (23 %) présentaient une exposition majeure aux GC ; 40 (52 %) ont reçu du TCZ (principalement pour corticodépendance). Sur la période moyenne de suivi de 48 mois, nous avons observé 107 évènements graves (infections 32 %, ECV 20 %, hypertension 16 %, ostéoporose fracturaire 12 %), et 7 décès. La présence initiale d’un diabète, d’un surpoids, ou d’une dyslipidémie constituaient des facteurs prédictifs de survenue d’évènements graves (HR de 2,41 [1,05–5,55], p=0,039 ; HR de 2,08 [1,14–3,81], p=0,018 ; et HR de 2,27 [1,05–4,91], p=0,038, respectivement), indépendamment de l’âge, du sexe, et des expositions thérapeutiques. Ni l’exposition au TCZ, ni l’exposition majeure aux GC n’était reliée à la survenue d’évènements sévères. En revanche, les patients avec BAT positive présentaient un sur-risque de survenue d’événements graves, après ajustement incluant les expositions thérapeutiques (HR de 5,71 [1,91–17,11], p=0,002). Les autres caractéristiques de l’ACG n’étaient pas reliées à la survenue des évènements sévères.
Conclusion |
Les évènements sévères sont fréquents chez les patients atteints d’une ACG et sont davantage corrélés aux comorbidités initiales du patient qu’aux traitements entrepris dans cette étude « vraie-vie ». L’identification d’un groupe de patients à haut risque (surpoids, diabète, dyslipidémie, et BAT positive) doit sensibiliser le praticien au dépistage répété des comorbidités, et à l’application stricte de mesures globales préventives dans cette population vieillissante fragile : correction de l’état nutritionnel, lutte contre la sarcopénie, prévention des chutes, prévention de l’ostéoporose, vaccination. Les modifications futures de la place du TCZ dans la stratégie thérapeutique pourront mener à d’autres évaluations de son intérêt sur la prévention de ces évènements sévères.
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Vol 43 - N° S1
P. A89 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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