Associations entre la non-adhésion au traitement par hydroxychloroquine et le risque de poussées de lupus systémique, de séquelles, et de décès chez 660 patients inclus dans la cohorte internationale du groupe SLICC - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
L’efficacité de l’hydroxychloroquine (HCQ) dans la prévention des poussées de lupus systémique (LS) est altérée par la non-adhésion au traitement, qui varierait entre 3 % et 85 % selon les études. L’objectif était d’évaluer l’association entre la non-adhésion sévère au traitement par HCQ définie par dosage sanguin et les risques de poussée de lupus, de séquelles et de décès dans la cohorte prospective internationale (11 pays) du groupe Systemic Lupus International Collaborating Clinics (SLICC).
Patients et méthodes |
La cohorte internationale SLICC a inclus prospectivement des patients atteints de LS (classification ACR) récemment diagnostiqués (15 premiers mois). Les taux sériques d’HCQ ont été mesurés de manière centralisée sur du sérum prélevé à l’inclusion (ou si non disponible dans la première année d’inclusion), chez les patients pour lesquels de l’HCQ était prescrite depuis au moins 3 mois. Les patients dont le taux sérique d’HCQ était<106mg/mL pour une dose prescrite de 400mg/j (ou<53ng/mL pour une dose prescrite de 200mg/j) étaient considérés comme non-adhérent. Ces taux sériques correspondent à des taux d’HCQ sur sang total de 200 et 100ng/mL.
Les poussées de lupus étaient définies par la survenue de l’un des événements suivants au cours de l’année suivant le prélèvement : (a) augmentation d’au moins quatre points du SLEDAI-2K ; (b) nouvelle prescription de corticoïdes (par voie orale ou bolus) ou d’un immunosuppresseur ; (c) nouvelle atteinte rénale incluant glomérulonéphrite active, syndrome néphrotique, dialyse ou transplantation rénale. L’association entre la non-adhésion et le risque de poussée lupique a été évaluée à l’aide de modèles de régression logistique, ajustés sur les potentiels facteurs de confusion.
Une séquelle était définie par l’augmentation de 1 point ou plus du SLICC damage index (SDI) dans les 5 années suivant la mesure du taux d’HCQ. L’association entre non-adhésion et, d’une part, le risque de séquelles, et d’autre part, la mortalité (toutes causes confondues) dans les 5 ans ont été évaluées avec des modèles de Cox, ajustés sur le sexe, l’éducation et les facteurs de confusion potentiels.
Résultats |
Parmi les 1711 patients de la cohorte SLICC, 660 patients (88 % de femmes, SLEDAI moyen 4,84) avaient une prescription d’HCQ et du sérum disponible et ont été inclus dans l’étude. Le taux sérique médian [intervalle interquartile] d’HCQ était de 388ng/mL (244–566) et 48 patients (7,3 %) ont été considérés comme ayant une non-adhésion sévère au traitement par HCQ. Aucun facteur sociodémographique n’était associé à la non-adhésion sévère.
Une poussée lupique est survenue chez 191 (28,9 %) patients au cours de la première année, et chez 28 (58,3 %) des patients non-adhérents. En analyse multivariée, la non-adhésion à l’HCQ était indépendamment associée au risque de poussée lupique (OR : 3,38 ; IC 95 % : 1,80–6,42 ; p<0,001).
Dans les cinq ans, 167 patients (25,3 %) ont présenté au moins une séquelle. Il existait une tendance non statistiquement significative à l’augmentation du risque de séquelles en cas de non-adhésion (HR : 1,47 ; IC95 % : 0,86–2,49 ; p=0,157). En analyse multivariée, avoir un niveau indétectable d’HCQ étaient indépendamment associé au risque de séquelles (HR : 1,93 ; IC95 % : 1,04–3,59 ; p=0,036).
Enfin, 11 patients sont décédés dans les 5 ans suivant l’inclusion, dont 3 patients considérés comme non-adhérents au traitement (HR ajusté : 6,66 ; IC95 % : 1,70–26,02 ; p=0,006).
Conclusion |
En étudiant une grande cohorte prospective internationale multicentrique, la non-adhésion au traitement par HCQ était indépendamment associée au risque de poussée lupique et de mortalité à 5 ans. Des niveaux indétectables d’HCQ étaient associés au risque de séquelles. Ceci confirme l’importance de détecter systématiquement la non-adhésion sévère au traitement et de dédier des moyens humains pour tenter de la réduire et ainsi prévenir ces complications.
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Vol 43 - N° S1
P. A78-A79 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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